Après des mois d'atermoiements, le constructeur automobile General Motors a finalement annoncé jeudi son intention de fermer cette année son usine belge fabriquant des Opel à Anvers (nord) et de procéder au licenciement collectif de ses 2600 salariés.

La fermeture devrait intervenir «courant 2010», après les négociations avec les salariés prévues par la législation belge, a annoncé Opel dans un communiqué, confirmant des informations de source syndicale.

Le constructeur justifie sa décision par les «énormes surcapacités dans le secteur et en particulier chez Opel», réaffirmant que «pour assurer son existence à long terme, Opel doit réduire ses capacités au total de 20%».

L'usine d'Anvers est considérée depuis longtemps comme la plus menacée.

Sa fermeture avait déjà été annoncée l'été dernier dans le cadre du projet de rachat d'Opel par l'équipementier canadien Magna adossé à la banque russe Sberbank.

La maison mère américaine d'Opel-Vauxhall, General Motors, a dans un deuxième temps renoncé à vendre sa filiale européenne et entrepris de la restructurer lui-même.

Les salariés attendaient depuis des mois les détails et notamment la répartition géographique de cette restructuration, censée se solder par la suppression de quelque 8.300 emplois sur près de 50.000 en Europe.

Pour Walter Cnop, secrétaire général de la branche Métal du syndicat belge chrétien CSC, «c'est un drame total pour les travailleurs et l'industrie belge».

Sur place, des salariés ont exprimé leur désarroi: «Nous sommes considérés comme des vieux objets», a lancé Joeri, qui travaille pour Opel depuis 22 ans, selon l'agence Belga.

Le même salarié ne croit pas à une solution de secours. «C'est un espoir sans fondement», a-t-il estimé.

M. Cnop a précisé qu'en plus du licenciement collectif concernant les 2.600 emplois directs de l'usine, il fallait s'attendre à des dégâts sociaux collatéraux chez les fournisseurs d'Opel.

«Avec la sous-traitance, il faut multiplier par trois le nombre d'emplois menacés. Il y a des sous-traitants qui travaillent en exclusivité pour Anvers», a-t-il souligné.

Le chef syndical a dénoncé «l'arrogance» de la direction et une décision «basée sur des éléments politiques et nulle part économiques», allusion à des pressions attribuées au gouvernement de Berlin pour que ce soit Anvers plutôt qu'un site allemand qui soit fermé.

Une concertation est prévue dans l'après-midi entre les syndicats, l'association patronale locale et le gouvernement de la région de Flandre.

Les syndicats de l'usine, qui s'attendaient à l'annonce de la fermeture, avaient entamé mercredi après-midi un blocus du site pour en empêcher les voitures neuves de sortir.

Ce blocus est maintenu, a précisé M. Cnop. «C'est notre stock de guerre», a-t-il commenté. Mais «on n'empêche personne d'entrer. Les pièces détachées pourront entrer».

Les syndicat d'Anvers ont aussi l'intention d'en appeler à la solidarité européenne.

«Le jour est venu de faire appel à cette solidarité des autres usines d'Opel et (de sa soeur jumelle britannique) Vauxhall», a dit M. Cnop. «Nos mots d'ordre sont: pas de fermeture, pas de lienciements forcés, répartition équitable des restrictions» entre les différentes unités européennes du groupe.

General Motors est installé à Anvers depuis 1924, initialement pour produire des Chevrolet. L'usine s'était spécialisée ces dernières années dans le modèle Astra dont 88.873 sont encore sorties de ses chaînes en 2009.