Au lendemain de l'annonce de l'accord de l'américain Ford avec Geely pour céder la filiale suédoise Volvo, fleuron de l'industrie automobile scandinave, les médias suédois se montraient méfiants, en particulier sur les sources de financements du groupe chinois.

«Volvo: l'argent ne peut pas tout acheter», s'insurgeait Rikard Westerberg, dans un éditorial de Dagens Nyheter (DN), quotidien de référence du pays scandinave. La prise de contrôle de Volvo par Geely est «un saut dans l'inconnu», estime le journaliste de DN, spécialiste du secteur automobile.

«Le parcours de Volvo, d'un modèle social et démocratique vers (...) une marque prestigieuse, était une stratégie bien pensée. Dans la production de masse de la Chine, il y a un risque que la marque soit vidée de sa substance», écrit-il, ajoutant que les ingénieurs de la marque sont les moins enthousiastes devant l'opération.

«Nous n'avons toujours pas eu de réponses à nos questions. Nous souhaitons savoir qui finance Geely et si son financement est adéquat», souligne de son côté Magnus Sundemo, le dirigeant du syndicat des ingénieurs, cité par le quotidien suédois Svenska Dagbladet.

L'agence de presse suédoise TT relève de son côté que ce syndicat a été le critique le plus virulent. «Les objections portent sur le financement et la structure du capital» de Geely, selon elle, expliquant que Geely est détenu par la holding Proper Glory, une entreprise cotée aux îles Cayman qui détient plus de la moitié du capital de Geely Automobile.

«Une petite entreprise chinoise qui a commencé à produire des voitures il y a seulement dix ans devra assurer l'avenir de Volvo», écrit Lasse Swärd, mettant en garde contre le manque d'expérience de l'acquéreur pour développer, fabriquer, vendre des voitures à un niveau mondial.

Cet accord a également semé le doute sur l'avenir de toute l'industrie automobile de la Suède, autrefois très puissante et source de prospérité, en particulier dans la région du sud-ouest où les usines sont implantées.

«A la fois, le constructeur automobile Saab et (son compatriote) Volvo sont en train de quitter la Suède. Saab risque de fermer et tout laisse à croire que Volvo va devenir chinois», a commenté Tommy Fredriksson, journaliste de la radio publique (SR).

«Que va-t-il advenir de l'image que les Suédois ont d'eux-mêmes?», a-t-il interrogé, soulignant que Volvo et Saab symbolisaient de la réussite industrielle du pays nordique.