Le groupe chinois Geely devrait racheter le constructeur automobile Volvo à Ford (F) au premier semestre 2010, selon les termes d'un accord annoncé mercredi, et compte utiliser la technologie suédoise pour se tailler la part du lion sur son marché domestique, le premier mondial.

Avec cette transaction, les constructeurs chinois confirment leur appétit pour des marques occidentales, après le rachat de Hummer à General Motors par le groupe chinois Tengzhong en octobre et de certains actifs de Saab par BAIC il y a une semaine.

«Ford Motor Company confirme aujourd'hui (mercredi) que toutes les conditions commerciales de fond liées à la possible vente de Volvo Cars ont été réglées entre Ford et Zhejiang Geely Holding group», a annoncé le géant américain.

«Bien qu'il reste du travail à faire avant la signature - y compris le financement et l'accord des gouvernements -, Ford et Geely estiment qu'un accord final de vente sera signé au cours du premier trimestre 2010, la vente étant finalisée au cours du deuxième trimestre 2010», selon le communiqué.

Ford, qui avait acquis la totalité de Volvo Cars en 1999 pour 6,4 milliards de dollars, ne précise pas le montant de cette nouvelle transaction, mais selon la presse suédoise de mercredi, Geely aurait accepté les 2 milliards de dollars réclamés par le vendeur pour sa filiale déficitaire.

La branche automobile du groupe Geely, premier constructeur privé chinois, compte sur la marque de fabrique de Volvo, «leader en matière de sécurité et de technologie verte», ainsi que sur le renom du suédois pour devenir «un acteur unique sur le marché automobile chinois», devenu premier de la planète à la faveur de l'effondrement des ventes aux États-Unis.

«Volvo offre à Geely un certain nombre de technologies assez avancées», ce qui constitue un atout «car les constructeurs chinois ont quand même du retard», explique sur ce point Bertrand Rakoto, analyste chez Global Insight, interrogé par l'AFP.

 La plus grosse interrogation reste néanmoins de «savoir comment Geely va gérer l'image très sensible de la marque Volvo, typée haut-de-gamme», a-t-il ajouté.

Dans son communiqué de mercredi, le géant américain ajoute qu'il «continuera à coopérer avec Volvo dans certains domaines après l'éventuelle vente», mais précise qu'il «ne compte pas conserver de parts dans l'affaire après la vente».

En revanche, rien n'est précisé quant à l'avenir des usines et du personnel de Volvo automobiles, qui compte 22 000 employés dans le monde dont environ 16 000 en Suède.

«On ne sait toujours pas ce que Geely compte faire au bout du compte et cela m'inquiète. Même si nos ventes sont en augmentation, nous enregistrons toujours des pertes. Et nous ne savons pas comment Geely compte y remédier», a commenté le président du syndicat Unionen de Volvo, Sören Carlsson, cité par l'agence suédoise TT.

Le président du conseil d'administration de Geely, Li Shufu, assure dans un communiqué que son groupe «a l'intention de travailler avec toutes les parties impliquées dans la transaction afin de remplir les intérêts de chacun».

En novembre, le Wall Street Journal avait annoncé que Geely avait élaboré un plan de redressement dans lequel Volvo «pourrait vendre près d'un million de véhicules par an» en Chine, mais également en Europe et en Amérique du nord.

Ford Motor Co., numéro deux de la construction automobile aux États-Unis, avait indiqué en décembre 2008 avoir mis en vente Volvo Cars, distinct du groupe Volvo (qui fabrique principalement des poids lourds).

En Suède, alors que l'avenir de Volvo semble se dessiner, celui de Saab, dont le propriétaire américain General Motors veut se débarrasser, reste incertain, balançant entre la vente au petit constructeur néerlandais Spyker et la fermeture pure et simple.