Le gouvernement allemand a exprimé mercredi son étonnement et sa colère après la décision du constructeur automobile américain General Motors de finalement conserver sa filiale Opel, une décision jugée «inacceptable» par le ministre de l'Economie.

Le libéral Rainer Brüderle, nouveau ministre de l'Economie, attend «que General Motors mette le plus vite possible sur la table ses plans de restructuration» d'Opel, qui compte quatre usines en Allemagne, a-t-il dit devant la presse à Berlin.

M. Brüderle a en particulier estimé que l'annonce de General Motors était «inacceptable vis-à-vis des salariés à huit semaines de Noël», surtout après que ces derniers ont annoncé être prêts à des sacrifices salariaux.

Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Ulrich Wilhelm, a indiqué pour sa part lors d'un point de presse que l'Allemagne partait du principe que la décision de General Motors était «définitive».

Berlin essaie néanmoins de prendre contact avec Washington sur ce dossier, pour clarifier le rôle joué par les uns et les autres dans la prise de cette décision, qui a surpris la grande majorité des observateurs. «Je peux m'imaginer qu'il y ait un contact» entre Mme Merkel et le président américain Barack Obama, a indiqué M. Wilhelm.

La chancelière allemande était en visite-éclair aux Etats-Unis mardi, où elle s'est adressée au Congrès. Son porte-parole assure que l'avenir d'Opel n'a pas été évoqué pendant son entretien avec M. Obama. Selon lui, il n'y a en outre «aucun indice» que le gouvernement américain ait été impliqué dans la décision de General Motors.

Le constructeur américain est pourtant détenu à 60% par l'Etat, depuis une injection massive de capital qui a assuré sa survie, mais Washington assure régulièrement ne pas s'immiscer dans la gestion de l'entreprise.

Arguant d'un environnement des affaires en Europe «amélioré», d'une meilleure «santé financière» et de «l'importance d'Opel/Vauxhall» pour sa stratégie internationale, General Motors a expliqué dans la nuit avoir finalement décidé de conserver Opel, mettant fin à plusieurs mois de négociations pour le céder à l'équipementier canadien Magna, associé au russe Sberbank.

L'Allemagne avait fait lourdement pression ces derniers mois pour une telle solution, qui selon Berlin aurait permis de préserver plus d'emplois allemands qu'une restructuration pilotée par les Américains.

Le gouvernement allemand «va récupérer l'argent des contribuables», a affirmé M. Brüderle. Berlin avait déjà accordé un crédit de 1,5 milliard d'euros à GM pour maintenir Opel à flot, qui arrive à échéance fin novembre.

La chancelière a rencontré mercredi dans la journée le chef du comité d'entreprise allemand d'Opel, Klaus Franz.

«Nous ne pouvons qu'espérer que (la décision de General Motors) soit synonyme de perspectives positives pour les sites et les salariés», d'Opel, a déclaré M. Wilhelm. Les syndicats allemands ont pour leur part déjà exprimé leur inquiétude et appelé à la grève dès jeudi.