Le constructeur américain General Motors a repoussé d'au moins deux semaines la signature du contrat de vente de ses marques européennes Opel/Vauxhall à l'équipementier canadien Magna, provoquant l'ire des syndicats et le doute sur ses intentions.

«Le travail va continuer pour résoudre les points encore ouverts de la proposition de Magna et de (la banque russe associée au projet) Sberbank, par exemple ceux liés aux réductions des coûts de main d'oeuvre et au paquet de financement fourni par les gouvernements», a annoncé vendredi John Smith, négociateur en chef de GM sur son blog Internet, moyen de communication qu'il affectionne. Les efforts vont aussi se poursuivre afin de «boucler les préparatifs pour la signature des contrats au cas où elle serait autorisée par le Conseil d'administration de GM le 3 novembre», écrit-il.

«General Motors a dépassé les bornes. Il est sur le point de perdre la dernière once de confiance que lui garde encore les salariés et les syndicats, l'opinion publique et les pouvoirs politiques», s'est emporté le chef du comité d'entreprise européen Klaus Franz.

Depuis deux semaines, la signature du contrat est sans cesse repoussée et les discussions patinent notamment sur la participation des salariés au «New Opel».

Et GM avait déjà plus d'une fois reporté son choix d'un repreneur cet été. La presse< affirmait alors qu'il aurait préféré l'offre de la société d'investissement belge RHJ International, mais que Berlin aurait conditionné son aide financière -- 4,5 milliards d'euros -- au choix de Magna, qui promettait de garder les quatre usines allemandes et de supprimer moins d'emplois en Allemagne que dans les autres pays, en proportion.

Le rebondissement de vendredi semble lié essentiellement aux réserves émises par la Commission européenne en fin de semaine dernière. Elle a critiqué indirectement la façon dont l'Allemagne, où sont implantés la moitié des 50.000 emplois d'Opel, s'est immiscée dans le choix de Magna.

Le ministre de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg a envoyé un courrier à GM, lui demandant de confirmer que la procédure a bien suivi des critères économiques et non politiques, et de satisfaire ainsi aux exigences de Bruxelles.

Et c'est apparemment là que le bât blesse, d'autant plus que la chancelière Angela Merkel et de nombreux responsables politiques allemands, à l'époque en pleine campagne électorale, ont des mois durant déclaré publiquement leur soutien à l'offre de Magna/Sberbank.

Les États européens abritant d'autres usines Opel, en particulier la Belgique -où le site Anvers est promis à la fermeture-, la Grande-Bretagne et l'Espagne, avaient d'ailleurs vertement critiqué Berlin pour son activisme aux accents protectionnistes dans le processus de vente de constructeur.