La justice allemande a perquisitionné jeudi chez le constructeur automobile allemand Porsche, soupçonné d'avoir manipulé la Bourse dans sa tentative spectaculairement ratée pour s'emparer de son compatriote Volkswagen.

C'est Porsche lui-même qui a annoncé que des inspecteurs du Parquet de Stuttgart se sont rendus dans la matinée dans les locaux de son siège situé dans la même ville.

L'ancien patron du groupe, Wendelin Wiedeking et l'ex-directeur financier Holger Härter, tous deux fraîchement débarqués de leurs postes, sont visés par la justice, a précisé un porte-parole de Porsche.

Ils sont tous deux soupçonnés de manipulation de cours et de délit d'initiés.

Des enquêteurs ont «perquisitionné des bureaux de l'entreprise et ont saisi différents documents de travail», précise par ailleurs le constructeur automobile connu pour ses voitures de sport, dans un communiqué.

Porsche ajoute que, selon le Parquet, il existe des soupçons de «violation des règles de communication boursière ainsi que de manipulation boursière». Le groupe rejette toutefois ces accusations et se dit prêt à coopérer avec la justice.

Le Parquet de Stuttgart avait ouvert son enquête après avoir été alerté par le gendarme de la Bourse de Francfort, le Bafin, de possibles opérations frauduleuses.

Cette annonce vient marquer un nouveau rebondissement dans le rapprochement entre Porsche et Volkswagen, entamé il y a plusieurs années et qui vient de connaître son dénouement. Au départ, c'est le groupe de Stuttgart qui était censé avaler VW, pourtant quatre fois plus gros que lui, mais ses projets ont tourné court à cause de la crise financière. Finalement, c'est Porsche qui va passer sous la coupe du premier constructeur européen, qui va financer l'opération avec l'aide du Qatar.

Mais en octobre dernier, le scénario en cours était encore celui d'un rachat de VW par Porsche et le groupe de Stuttgart s'était alors assuré le contrôle du près des trois quarts du capital de son compatriote.

Cette annonce avait surpris des fonds d'investissement qui avaient spéculé sur l'évolution du cours du titre VW et avait provoqué par ricochet une envolée du titre à plus de 1000 euros, faisant de l'entreprise allemande la deuxième au monde en terme de capitalisation boursière.

Le Bafin s'était alors penché sur l'évolution du titre pour s'assurer que des transactions délictueuses n'aient pas été réalisées. Cette enquête «est toujours en cours», a expliqué jeudi soir une porte-parole à l'AFP.

Au cours des dernières séances, le titre Volkswagen s'est à l'inverse effondré, perdant près d'un quart de sa valeur, toujours à cause de spéculations liées à son rapprochement avec Porsche.

Selon des analystes, l'action a longtemps été surévaluée et elle subit actuellement une correction. Elle a fini jeudi la séance à 144,31 euros.

Il existe par ailleurs des rumeurs selon lesquelles l'émirat du Qatar, qui va devenir grand actionnaire du nouveau géant automobile allemand, n'aurait déboursé qu'entre 100 et 130 euros par action pour s'assurer 17% du capital de Volkswagen, soit bien moins que le cours actuel.