Le géant américain de l'automobile General Motors (GM) a confirmé mardi la vente de sa filiale suédoise Saab à l'élitiste constructeur Koenigsegg, mais la transaction reste conditionnée à une garantie d'État.

«Ce contrat est une étape importante dans la route vers un accord définitif», souligne le président de GM Europe, Carl-Peter Forster, dans le communiqué qui fait état de la cession de la totalité des actions que GM détient dans Saab à la compagnie suédoise Koenigsegg. Le 16 juin, GM et Koenigsegg avaient signé un accord préliminaire de vente de Saab Automobile au fabriquant suédois. Mais ces derniers jours, les points d'interrogation s'étaient accumulés autour de l'acquisition de Saab par le constructeur d'automobiles sportives de luxe, sur fond de recomposition de l'actionnariat de ce dernier, laissant présager un échec des négociations avec la maison mère américaine.

L'affaire devrait dorénavant être conclue dans «les prochains mois», selon le communiqué publié mardi par GM, et mettre ainsi un terme au processus d'acquisition engagé deux mois auparavant.

L'annonce de mardi, deux jours avant le terme du processus de reconstruction engagé en février, tombe à pic pour Saab, en grande difficulté financière, et qui doit redorer son blason auprès des consommateurs suédois et étrangers.

«Nous nous rapprochons peu à peu d'une solution définitive (sur la vente de Saab, ndlr) mais il me semble que cet accord ait également pour but de susciter de la confiance pour Saab auprès du marché comme des clients», commente un analyste automobile auprès de l'Institut de Management de Göteborg, Matts Carlsson.

Si Saab doit s'atteler à reconquérir des clients qui lui ont tourné le dos, Koenigsegg doit, lui, achever de convaincre le gouvernement suédois de la viabilité du plan de reprise.

L'acquéreur compte en effet sur la garantie de l'État suédois pour pouvoir emprunter 600 millions d'euros auprès de la banque européenne d'investissement (BEI), nécessaires selon lui pour garantir la survie de Saab.

Un accord final de vente «dépend de l'engagement de financement de la BEI, garanti par le gouvernement suédois», rappelle M. Forster dans le communiqué.

Or Stockholm n'a eu de cesse de réclamer un plan de route précis, détaillant la stratégie qu'entend employer Koenigsegg pour sortir Saab de l'ornière.

«Il est positif que la question liée à la propriété de Saab s'éclaircisse. Mais il reste plusieurs étapes avant que tout soit terminé. Le groupe Koenigsegg devra notamment apporter de nouveaux capitaux privés», a mis en garde le secrétaire d'État suédois à l'Industrie, Jöran Hägglund, après l'annonce de l'accord.

Mais selon l'analyste Matts Carlsson, «il manque 3 milliards de couronnes (293 millions d'euros) pour que la garantie (du gouvernement suédois, ndlr) soit assurée. Cela restera un objet de négociation jusqu'à la fin».

Saab Automobile, qui emploie 3 400 personnes en Suède, a subi une perte nette de 3 milliards de couronnes (293 millions d'euros) en 2008. Il a représenté seulement 1,1% des ventes mondiales de GM l'an passé en échouant sous la barre des 100 000 véhicules vendus, avec 93 295 unités, soit son niveau de production de 1990, contre 133 000 deux ans auparavant.

Koenigsegg, fondé en 1994, produit des voitures de sport de luxe. Elitiste, la marque n'a sorti qu'une vingtaine de véhicules en 2008, à plus d'un million d'euros chacun. Basé dans le sud de la Suède, ce constructeur confidentiel emploie seulement 45 personnes.