Propulsées par le programme de prime à la casse de Washington, les ventes d'automobiles reprennent le chemin de la croissance aux États-Unis, profitant surtout à l'américain Ford. Pendant ce temps, les concessionnaires au Québec ont connu un bon mois de juillet malgré la morosité économique.

Des indices de reprise se multiplient chez des concessionnaires automobiles au Québec, après une récession qui, de l'avis général, s'avère moins pire que l'on a craint il y a quelques mois. Sauf évidemment pour les employés des dizaines de concessions GM en voie de fermeture, en régions surtout.

 

«Les consommateurs apaisent leurs craintes économiques. Il y a même de belles surprises dans le marché cet été, comme les ventes de voitures de luxe et les progrès de certaines marques comme Hyundai», affirme Renée Cardinal, de la Corporation des concessionnaires d'automobiles de Montréal.

«Notre mois de juillet a été relativement bon, en particulier dans les voitures de haut de gamme. Même que l'année 2009 s'avère bien meilleure qu'on ne croyait», témoigne Normand Hébert, président de l'important Groupe Park Avenue sur la Rive-Sud.

D'ailleurs, M. Hébert ouvrira bientôt sa 10e salle d'exposition à Sainte-Julie: une concession Lexus, la division haut de gamme de Toyota.

Entre-temps, certains concessionnaires considérés comme les plus en péril, comme ceux de GM, renouent avec l'optimisme.

«La baisse des ventes a nettement ralenti par rapport au début de l'année et je suis optimiste pour les prochains mois. Il y a moins de négativisme économique, même envers GM dont les consommateurs étaient incertains», soutient Jean-Claude Gravel, qui a des salles d'exposition à Brossard et à l'Île-des-Soeurs, en plus de diriger l'Association des concessionnaires GM de la région de Montréal.

«En fait, mon problème croissant est le manque de véhicules neufs 2009, en attendant que les 2010 arrivent en septembre et octobre. Pour garder certains clients, nous leur commandons un modèle 2010 tout en leur faisant le prix d'un modèle 2009.»

D'ailleurs, plutôt que de fermer sa concession Pontiac de l'Île-des-Soeurs, tel qu'annoncé il y a quelques mois alors que GM amorçait la suppression de 40% de ses détaillants, M. Gravel a décidé de la reconstruire et de l'agrandir.

Il prévoit y investir 5 millions de dollars d'ici la fin de 2010.

Dans un premier temps, l'enseigne Pontiac - une marque sacrifiée par GM - sera remplacée par sa consoeur Chevrolet, que l'entreprise Gravel affiche déjà à Brossard.

Ensuite, deux salles d'exposition seront érigées pour accueillir «deux marques non américaines», indique M. Gravel, préférant taire leur identité «avant de finaliser les ententes commerciales».

«C'est notre première diversification hors de GM en 52 ans d'affaires de ma famille avec cette entreprise», indique-t-il.

N'empêche que sa confiance envers le «nouveau GM» justifie le remplacement complet de sa salle d'exposition à l'Île-des-Soeurs, qui complétera tout le projet d'expansion dans une quinzaine de mois.

Marché

Chez Park Avenue, c'est la bonne tenue des ventes de véhicules de haut de gamme qui satisfait le plus Normand Hébert.

En juillet, son groupe de neuf salles d'exposition dont BMW, Audi, Infiniti et Lexus a vendu quelque 600 véhicules, un nombre un tantinet inférieur à celui de juillet 2008.

Mais aussi, un nombre encore avantageusement comparable aux ventes réalisées en juillet 2007.

«Manifestement, l'économie québécoise et le marché du travail sont moins touchés par la récession qu'on l'avait craint en début d'année», constate M. Hébert.

Au point où il doute de la pertinence d'un programme canadien de subventions au remplacement de véhicules, comme celui qui a fait mouche aux États-Unis.

«Un tel programme ici devrait être évalué davantage pour son impact sur l'environnement - les vieilles voitures polluent beaucoup - que sur l'économie», estime le président de Park Avenue.

»Offres excellentes»

Quant à la bonne tenue relative des ventes de véhicules de haut de gamme, Normand Hébert l'explique de deux façons.

D'une part, le public-cible de ces marques est moins touché par la récession et, surtout, les pertes d'emplois.

D'autre part, ces constructeurs de haut de gamme ont multiplié ces temps-ci les «offres excellentes» sur les prix de leurs véhicules, notamment pour les contrats de crédit-bail qui constituent jusqu'à 80% de ventes dans ce créneau.

Ces offres fidélisent davantage les clients en renouvellement de véhicules, mais attirent aussi ceux des autres marques, comme Cadillac chez GM, qui ont sabré dans le crédit-bail.

«Comme homme d'affaires en automobile, j'ai de la compassion pour les difficultés particulières des concessionnaires GM. Néanmoins, il faut admettre que nous attirons une partie de leur clientèle», a indiqué le président de Park Avenue.

D'ailleurs, à l'Association des concessionnaires GM, le directeur Jean-Claude Gravel précise que le constructeur américain envisage de rétablir le crédit-bail.

Toutefois, cette nouvelle mouture serait ciblée aux véhicules de haut de gamme, surtout Cadillac, ainsi que les véhicules d'entreprises.

«Les concessionnaires GM le veulent pour se sortir de la récession», selon M. Gravel.

 

La Récession De L'auto Moins Dure Au Québec

Ventes d'automobiles (janvier-mai, 2008-2009)

Variation JANV.-MAI 2009 JANV.-MAI 2008

Québec -19,5% /104 824 /130 336

Canada -24,5% /300 940 /398 863