En mai, le rachat du constructeur automobile allemand Opel par l'équipementier canadien Magna (t.mg.a) et son partenaire public russe semblaient acquis, mais les négociations s'enlisent avec la maison-mère General Motors et un échec n'est plus exclu.

Deux mois et demi après la signature d'une lettre d'intention, sous la houlette de l'Etat allemand qui apporte une aide financière massive, l'américain General Motors (GM) et Magna, adossé à la banque russe Sberbank, ne sont toujours pas parvenus à un accord définitif alors que les parties avaient avancé la date du 15 juillet.

L'échéance semble s'éloigner chaque jour davantage. Cette semaine, des responsables de la holding financière RHJ International, dont le principal actionnaire est le fondateur du fonds américain Ripplewood, ont été reçus au ministère de l'Economie.

La holding veut présenter dans les jours qui viennent une offre détaillée de reprise, qui prévoit, comme Magna, la suppression de près de 10.000 postes en Europe et le maintien des quatre usines allemandes, a précisé son directeur exécutif Leonhard Fischer dans un entretien au journal populaire Bild vendredi.

GM a aussi confirmé mener des discussions avec le constructeur chinois BAIC.

RHJ International avait déjà déposé une offre il y a quelques mois, rapidement écartée, et BAIC avait lui aussi manifesté son intérêt.

Du côté de Magna, les négociations se poursuivent mais achoppent notamment sur l'avenir de la marque Chevrolet en Russie.

Jusqu'ici, les nombreuses rumeurs distillées semblaient essentiellement destinées à soutenir GM dans les négociations.

«GM ou sa banque d'investissement veulent exercer la pression maximale sur Magna pour obtenir le meilleur prix», analyse Christoph Stürmer, de IHS Global Insight.

«Pour moi, (...) Magna reste le favori», estime d'ailleurs Jürgen Pieper, analyste automobile de Metzler Bank. D'autant que RHJ a perdu 1 milliard d'euros au cours de son exercice décalé clos au 31 mars, et que les salariés et plusieurs responsables politiques cruciaux dans ce dossier sont opposés à l'arrivée d'un investisseur financier.

Mais l'hypothèse d'un coup de théâtre a gagné en force. L'expert d'IHS Global Insight évalue ainsi à «20, 25%» les risques d'un échec de Magna.

La presse allemande finit aussi par se demander si RHJ n'est pas davantage qu'un instrument de pression sur Magna mais bien le cheval de Troie de GM. L'américain pourrait souhaiter une restructuration massive d'Opel par RHJ, avant de racheter son ancienne filiale à la holding.

Un soupçon rejeté par M. Fischer: «Cela n'a aucun sens!», a-t-il dit à Bild.

«Chez GM, on veut se garder la possibilité d'avoir des usines en Europe», estime Stefan Bratzel, professeur spécialiste de l'automobile dans le centre de recherche de Bergisch-Gladbach, interrogé par l'AFP. Selon lui, GM commence à peine à s'intéresser vraiment au cas d'Opel, maintenant qu'il est sorti de la procédure de faillite aux Etats-Unis.

«Si GM était seul à décider, RHJ serait sans doute le partenaire le plus attractif», selon lui. Mais il doit aussi compter sur l'opinion du gouvernement allemand et de plusieurs Etats régionaux, qui ont déjà fourni un crédit de 1,5 milliard d'euros et dont dépendent plusieurs milliards d'euros de garanties publiques --4,5 milliards dans le cas de Magna-Sberbank.

Les pouvoirs publics semblent garder une préférence pour Magna, qui bénéficie d'une image plus sociale et de ses origines autrichiennes.