Le troisième constructeur automobile japonais, Nissan, s'apprête à dévoiler ses premiers modèles commerciaux de voitures électriques, qu'il prévoit de produire en masse en 2010, l'aboutissement selon lui de 20 ans de travaux sur les batteries lithium-ion, un composant crucial.

«Nous avons commencé de mener des recherches fondamentales sur les batteries lithium-ion en 1990, avant de travailler conjointement avec Sony à partir de 1992», se souvient l'ingénieur en chef de Nissan, Hideaki Horie, également professeur à la prestigieuse Université de Tokyo.

Dès 1995, Nissan a développé et produit en petite série une première voiture électrique à batterie lithium-ion, la Prairie EV, qui a été vendue à quelques exemplaires à des entreprises.

«Nous avons été tout surpris d'apprendre l'an passé que certaines roulaient encore», sourit M. Horie.

Pourtant, à l'époque, rares étaient les industriels et chercheurs qui croyaient en cette technologie.

«Je pense que si nos concurrents Toyota et Honda se sont initialement tournés vers les batteries nickel-metal, c'est parce qu'ils croyaient impossible d'obtenir une puissance suffisante avec les modèles lithium-ion», confie M. Horie, admirateur de Michael Crichton, romancier américain décédé l'an passé et qui cita les batteries Nissan dans son roman «Jurassic Park», publié en 1995.

Deux ans plus tard, une équipe de recherche composée d'ingénieurs de Sony et Nissan publia le résultats de travaux prouvant le potentiel des batteries lithium-ion. En 1999, un nouveau prototype de voiture était conçu, l'Altra EV.

Nissan s'est ensuite associé à son compatriote de l'électronique NEC qui a le premier développé des batteries lithium-ion utilisant du manganèse, alors que le cobalt est plus communément employé.

La confiance de Nissan dans ces types d'accumulateurs d'énergie n'a cessé de s'amplifier au fil des années. Elle ne fut pas ébranlée lorsqu'en 2006, des millions de batteries lithium-ion d'ordinateurs portables, téléphones mobiles et autres équipements nomades furent rappelées par les fabricants après une série de problèmes de surchauffe et d'explosions.

«Les modèles pour appareils électroniques et véhicules sont différents et les batteries en elles-mêmes ne sont pas nécessairement la cause des incidents, il peut s'agir de problèmes conceptuels de gestion du processus de recharge ou d'autres vices», souligne l'expert.

Selon lui, Nissan a réalisé des centaines de tests de fiabilité et malmené ses batteries des années durant pour les rendre sûres et garantir une durée de vie d'une décennie à puissance égale.

Ensuite, ces batteries, encore chères à produire, ne seront pas mortes.

«Si leurs performances, dégradées, les rendent inaptes à propulser une voiture, elles pourront vivre une deuxième vie ailleurs, comme accumulateurs d'énergie, rechargées par les rayons du soleil ou la force du vent, dans des immeubles ou autres infrastructures, et ce pour délivrer de l'électricité le moment voulu là où c'est nécessaire», explique M. Horie.

Elles pourront en outre être contrôlées grâce à des dispositifs informatiques plus intelligents de gestion de la distribution électrique dans la ville, systèmes en cours de développement notamment chez Hitachi.

«Nous pensons même qu'il sera en bout de course possible de retraiter, recycler et réutiliser les matériaux dans de nouvelles batteries», ajoute M. Horie.

De fait, ces dernières, produites exclusivement en Asie et essentiellement au Japon (50%), sont considérées par les industriels et pouvoirs publics japonais comme une pièce stratégique sur laquelle ils doivent garder la haute-main, si ce n'est en termes de fabrication du moins sur le plan de la conception.