Le constructeur automobile indien Tata Motors, propriétaire de Jaguar et Land Rover, a averti vendredi qu'il pourrait procéder à de nouvelles suppressions d'emplois dans ces entreprises britanniques et a annoncé sa première perte nette annuelle depuis 2001.

Le président adjoint de Tata Motors, Ravi Kant, a indiqué lors d'un point de presse que les ventes de modèles Jaguar et Land Rover avaient chuté de 32% sur un an entre juin 2008 et mars dernier.

«Actuellement, les choses commencent à s'améliorer légèrement. (Mais) il pourrait y avoir davantage de pertes d'emplois et de fermetures d'usines si cela s'avère nécessaire», a déclaré le dirigeant.

Tata Motors avait acheté au printemps 2008 les fleurons britanniques Jaguar et Land Rover pour 2,3 milliards de dollars à l'américain Ford. Mais ces acquisitions audacieuses sont bien plus douloureuses que prévu, notamment avec des problèmes de financement.

Le groupe indien avait annoncé en janvier la suppression de 450 emplois, dont 300 cadres, en invoquant la baisse de la demande en Europe et en Amérique du Nord pour des voitures de luxe, en raison de la crise en Occident.

Au total, près de 2000 postes ont été détruits ces dernières années chez Jaguar-Land Rover (JLR), qui emploie en Grande-Bretagne 15 000 personnes dont les salaires sont gelés depuis mars pour une année, après l'accord des syndicats.

Ces derniers plaident pour une aide du gouvernement britannique.

L'achat de JLR est d'autant plus dommageable à Tata Motors qu'il a provoqué sa première perte nette annuelle en huit ans, a admis M. Kant.

Le premier constructeur automobile indien, qui vient également de lancer la voiture «la moins chère du monde», la Nano, a essuyé une perte nette de 25 milliards de roupies (520 millions de dollars) pour l'année budgétaire 2008-2009 (achevée fin mars) contre un bénéfice net de 21,7 milliards de roupies un an plus tôt.

C'était la première fois que Tata Motors présentait ses résultats en y incluant ceux de JLR. Sans ces marques haut de gamme, le bénéfice net annuel a tout de même plongé de 50% à 10 milliards de roupies, avait indiqué fin mai la filiale du conglomérat Tata.

En 2008-2009, l'entreprise de camions et de véhicules rudimentaires siglés Tata a vendu 506 421 unités, exportations comprises, soit une baisse de 13,5% sur un an.

Pour Tata Motors dans son ensemble, les perspectives à moyen et long termes devraient être «bonnes», a prudemment dit M. Kant.

Malgré les déboires de ses pépites britanniques, Tata doit lancer dimanche des modèles Jaguar et Land Rover sur le marché indien, au cours d'une cérémonie en grande pompe dans son hôtel Taj Mahal Palace de Bombay, en présence du président Ratan Tata et du patron de Jaguar-Land Rover, David Smith, selon un communiqué.