Le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, entrevoit le jour où des voitures électriques seront produites en série au Québec.

«On y rêve et je pense qu'il n'y a rien d'impossible. On est au bon endroit au bon moment», a lancé M. Béchard en conférence de presse à Montréal, mardi.

Le ministre a évoqué «une chaîne québécoise (...), de la production de l'énergie jusqu'à la production de l'automobile».

«On a tous les outils pour que le Québec devienne un joueur extrêmement attrayant pour les constructeurs et important sur le marché de l'auto électrique mondial», a-t-il déclaré.

Le politicien était aux côtés du président-directeur général d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, pour annoncer que la société d'État participera, pendant trois ans, au programme nord-américain d'essai et d'évaluation du Ford Escape véhicule hybride rechargeable.

Contrairement aux voitures hybrides traditionnelles, les modèles rechargeables ont une plus grande autonomie - jusqu'à 48 kilomètres - en mode électrique. Selon Nancy Gioia, directrice des programmes de véhicules hybrides chez Ford, une telle autonomie suffit à 60 pour cent des trajets quotidiens en Amérique du Nord.

Claude Béchard a profité de l'occasion pour révéler que le gouvernement travaillait à un plan d'action sur le transport électrique, qui doit être dévoilé à l'automne.

Les fonctionnaires et les employés d'Hydro-Québec doivent notamment prévoir comment les véhicules rechargeables pourront être intégrés harmonieusement au réseau électrique. Il faut par exemple trouver une façon d'inciter les utilisateurs à recharger leurs véhicules hors des heures de pointe de consommation électrique, surtout l'hiver, et mettre au point un système de facturation pour l'utilisation des prises de courant situées dans les lieux publics.

Le plan d'action s'attaquera aussi à la production d'autos électriques au Québec. Magna International (TSX:MG.A) est actuellement à la recherche d'un endroit au Canada où construire une usine dans ce secteur et Québec aimerait convaincre l'entreprise ontarienne de s'installer sur son territoire.

«Comme gouvernement, il faut voir c'est quoi le potentiel de ce secteur-là, a affirmé M. Béchard. Est-ce qu'on peut attirer des joueurs majeurs? Est-ce qu'on peut en faire plus pour les attirer?»

Le ministre n'a toutefois pas fait état d'un programme d'aide particulier, mardi, se contentant de citer les mesures de développement économique qui existent déjà. Il a néanmoins souligné que les partenariats d'Hydro-Québec avec Ford et le géant automobile indien Tata Motors pouvaient «ouvrir des portes».

Hivers québécois

Hydro sera la seule société canadienne à tester l'Escape hybride rechargeable, ce qui lui donnera accès aux données techniques qu'on recueillera dans le cadre de l'exercice. Huit entreprises américaines de services publics font déjà partie du programme.

«Avec les hivers que vous avez ici au Québec, nous pouvons vraiment tester le véhicule rechargeable dans des conditions réelles de vie et obtenir des informations importantes sur la fiabilité pour l'avenir», a souligné Mme Gioia.

«Nous savons qu'il faudra des années et d'importants investissements avant de rendre cette technologie véritablement abordable», a reconnu la spécialiste de Ford.

Des employés d'Hydro-Québec testeront eux-mêmes l'Escape rechargeable pendant quelques mois, après quoi on poursuivra l'expérience avec des clients de la société d'État. Le véhicule consomme aussi peu que deux litres d'essence par cent kilomètres.

Moteur de TM4

Le PDG d'Hydro comptait par ailleurs profiter de la visite de la cadre de Ford pour lui proposer le moteur électrique mis au point par TM4, une filiale de la société d'État.

En janvier, Tata a retenu la firme de Boucherville pour équiper la version tout électrique de la nouvelle Indica Vista, qui doit être testée en Norvège cette année et l'an prochain.

La représentante de Ford s'est toutefois montrée peu intéressée par le moteur de TM4.

«Nous allons l'examiner au fur et à mesure que la technologie progressera, mais celui que nous avons évalué était davantage destiné à des véhicules plus gros ou à des applications stationnaires», a soutenu Nancy Gioia. L'Indica Vista est pourtant une toute petite voiture.