L'italien Fiat a assuré mardi qu'il ne lâcherait «jamais» Chrysler, étant particulièrement attaché à cette alliance après son revers sur Opel, au lendemain de la décision de la Cour suprême des États-Unis de geler la cession du constructeur américain.

Fiat est engagé (dans la reprise de Chrysler) même après le 15 juin», date à partir de laquelle il est habilité à se retirer du processus si le plan de reprise n'est pas validé, a assuré un porte-parole du groupe à l'AFP.

«Nous n'abandonnerons jamais» l'alliance, a déclaré de son côté le patron de Fiat, Sergio Marchionne, appelé à devenir directeur général de Chrysler, selon des propos cités par le porte-parole.

La Cour suprême a décidé lundi de retarder pour une durée indéfinie la reprise des principaux actifs de Chrysler par un consortium mené par Fiat, après le dépôt d'un recours par des fonds de pension de l'État de l'Indiana (centre-nord des États-Unis), plongeant le groupe américain dans l'incertitude.

La juge Ruth Bader Ginsburg «a ordonné que les décisions du tribunal des faillites soient suspendues jusqu'à nouvel avis», venant d'elle ou de la Cour au complet, alors que la vente des actifs de Chrysler aurait dû intervenir lundi.

La plus haute juridiction américaine n'a pas fourni d'explications, et n'a fixé aucune nouvelle échéance.

Le plan de reprise de Chrysler a déjà été accepté par un juge des faillites et une cour d'appel la semaine dernière, ce qui semblait ouvrir la voie à une sortie rapide de la procédure de redressement judiciaire, six semaines après le dépôt de bilan du constructeur américain.

Certains commentateurs jugeaient toutefois que les termes employés dans la très succincte annonce de la Cour pour annoncer le report laissaient prévoir une décision rapide.

Le gouvernement américain qui s'est lourdement impliqué dans le dossier et a déjà accordé 6 milliards de dollars au constructeur, a fait valoir devant la Cour suprême que «si la vente (...) n'intervient pas, Chrysler sera liquidé». Les plaignants recevraient alors bien moins que les deux milliards de dollars prévus pour les créanciers prioritaires.

Le Trésor a aussi fait valoir qu'il y va de l'intérêt général, avec 38.000 emplois directs en jeu, sans compter les concessionnaires.

Annoncé en janvier et finalisé fin avril, l'alliance Fiat-Chrysler prévoit une prise de participation de l'italien au sein du capital de l'américain, en échange de l'accès de ce dernier à sa technologie mais sans débourser un sou.

Le «nouveau Chrysler» qui doit sortir du processus judiciaire sera détenu dans un premier temps à 20% par Fiat, qui pourra grimper par étapes à 35%, tandis que les États américain et canadien détiendront 10% et un fonds à gestion syndicale 55%.

L'italien, qui grâce à cette alliance pourra faire son retour sur le marché américain, dispose par ailleurs d'une option pour prendre le contrôle à partir de 2013.

Le groupe de Turin (nord) tient d'autant plus à Chrysler depuis le revers qu'il a enregistré dans la compétition pour reprendre l'allemand Opel il y a dix jours face au canadien Magna, ce qui a mis un coup d'arrêt à ses ambitions de devenir un nouveau géant de l'automobile.

Rien n'est cependant à exclure, le gouvernement allemand s'étant dit la semaine dernière «toujours ouvert» à d'autres offres, malgré la signature d'un accord préliminaire avec Magna, et Fiat ayant réaffirmé son intérêt.

A la Bourse de Milan, le titre Fiat a pâti de la décision de la Cour suprême, clôturant sur une baisse de 1,39% à 7,43 euros dans un marché en hausse de 0,91%.

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