Le juge chargé du dossier Chrysler a approuvé dans la nuit de dimanche à lundi une cession des principaux actifs du constructeur américain à une nouvelle entité adossée à l'italien Fiat, ouvrant la voie à sa sortie du régime des faillites, un mois après son dépôt de bilan.

Après trois journées d'audiences, dont douze heures consacrées vendredi à l'exposé des plaidoiries de toutes les parties prenantes, le juge new-yorkais Arthur Gonzalez a entériné le plan de restructuration présenté par le constructeur et soutenu par le gouvernement.

Ce plan prévoit l'émergence d'un «nouveau» Chrysler, aux mains d'un consortium détenu à 20% par Fiat (qui a une option pour monter jusqu'à 35%), à 68% par un fonds géré par le syndicat automobile UAW et à 12% par les gouvernements américain et canadien.

Les créanciers recevront 2 milliards de dollars en numéraire, correspondant à une réduction des deux tiers de la dette du groupe.

«En dépit des efforts importants et largement médiatisés accomplis ces deux dernières années pour trouver diverses alliances pour Chrysler, l'accord avec Fiat est la seule option actuellement viable», a estimé Arthur Gonzalez, dans son avis de 47 pages, mis en ligne par le quotidien américain Detroit News.

Le nouveau Chrysler «pourrait valoir davantage que la somme de ses composantes, en raison des synergies» entre le constructeur américain et Fiat, a expliqué le magistrat.

Selon lui, «Chrysler apportera son réseau de concessionnaires et ses capacités de production de véhicules de grande taille, et Fiat fournira ses technologies liées à la fabrication de petites voitures ainsi que l'accès à certains marchés internationaux».

«La seule autre alternative est la liquidation immédiate (du groupe)», a  ajouté le juge Gonzalez.

L'un des avocats de Chrysler avait indiqué vendredi, qu'en cas de décision judiciaire défavorable, le groupe courrait à la liquidation, alors que l'Etat fédéral, qui a injecté 6,9 milliards de dollars, est «le prêteur de dernier recours» et qu'«il n'y a pas d'autre candidat» à une alliance que Fiat.

Quelques heures plus tôt, le patron de Fiat Sergio Marchionne - amené à prendre la direction du futur Chrysler - avait souligné devant le tribunal que sa priorité était «que l'entreprise redémarre dès qu'elle sera libérée» du régime des faillites.

«Nous ne transformerons pas Chrysler en une entreprise automobile italienne. (...) Nous devons garder cette organisation au diapason des exigences de son propre marché», a-t-il déclaré, rappelant que Fiat pourrait offrir de nouveaux débouchés à Chrysler grâce à son réseau de distribution en Europe et Amérique latine.

«En raison de l'attachement primordial des gouvernements américain et canadien à la protection de l'intérêt public, les termes de l'accord avec Fiat représentent une opportunité que le marché à lui seul est incapable d'offrir»,  a pour sa part tranché le juge.

Il a rejeté les arguments des différentes parties opposées au plan, parmi lesquels figurent des créanciers et des équipementiers du groupe - à qui Chrysler doit 5 milliards de dollars -, mais aussi 789 concessionnaires ayant vocation à être liquidés, représentant le quart du réseau Chrysler.

La décision du magistrat devrait permettre à Chrysler de sortir très rapidement du régime des faillites, un mois seulement après son dépôt de bilan. Son concurrent General Motors devrait de son côté se placer lundi sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine des faillites.

Cette décision est toutefois susceptible de faire l'objet d'appels.