Le sort de General Motors, comme celui de Chrysler, semblait scellé vendredi soir: un dépôt de bilan de GM dès lundi paraît inéluctable, tout comme la vente de Chrysler à un consortium mené par Fiat, deux dénouements qui tourneront une page de l'automobile mondiale.

Quand à Opel, sa vente à l'équipementier canadien Magna International, allié à la banque russe Sberbank et au constructeur russe GAZ, était en bonne voie: GM  [[|ticker sym='GM'|]] et Magna étaient parvenus à un accord vendredi, que Berlin examinait, selon des sources proches du dossier. Fiat, seul rival, avait visiblement renoncé.

Pour GM, selon les médias américains, un dépôt de bilan de l'entreprise qui fut pendant soixante dix-sept ans le numéro un mondial de l'automobile aura lieu lundi.

Pour preuve, une douzaine de membres du cabinet seront dépêchés à partir de mardi dans les grands Etats automobiles (Ohio, Michigan, Indiana, Wisconsin) pour expliquer la politique du gouvernement.

Le dossier s'est débloqué jeudi après un nouveau plan du Trésor américain, plus acceptable par les créanciers de GM.

Les créanciers se sont ainsi vu offrir 25% du «nouveau GM» s'ils soutiennent ce plan devant le tribunal. Le Trésor contrôlerait dans un premier temps 72,5% du groupe restructuré.

L'obstacle syndical a été levé vendredi. Les adhérents du syndicat américain de l'automobile UAW ont accepté les sacrifices demandés par le constructeur, ont indiqué vendredi les dirigeants de l'UAW, en rendant compte du vote organisé parmi leurs membres.

«Nous sommes convaincus que nous avons fait la chose juste pour donner une bouffée d'oxygène à General Motors, pour lui permettre d'aller de l'avant et de rebondir», a souligné le président du syndicat Ron Gettelfinger au cours d'une conférence de presse à Detroit, la capital américaine de l'automobile.

Symbole de la fin d'une époque, l'action GM est passée sous un dollar vendredi pour la première fois depuis 1933 et elle devrait sortir de l'indice Dow Jones, dont il était l'un des piliers depuis 1925.

L'épilogue de l'histoire GM sera difficile: GM devra ensuite soutenir ses équipementiers, dont la plupart ne survivraient pas à une interruption massive de la production du constructeur. Le groupe devra aussi choisir des marques à abandonner, comme Hummer, Saab ou Saturn. Il disposera pour cela des quelque 60 milliards injectés par l'Etat américain dans GM.

Quant à Chrysler, son avenir n'attend plus que l'accord du tribunal des faillites de New York, qui devait se prononcer vendredi soir. L'aval du juge permettra à Chrysler, qui a déposé son bilan le 30 avril, de sortir de la faillite.

Un «nouveau» Chrysler, délesté de l'essentiel de sa dette, sera confié à un consortium détenu à 20% par Fiat dans un premier temps, et 35% à terme.

Dernier dossier, le plus délicat: boucler la cession d'Opel et Vauxhall, les filiales allemande et britannique de GM, un dossier archi-sensible pour les Européens qui craignent un séisme dans leurs emplois automobiles.

Berlin, qui a promis 1,5 milliard d'euros de crédits publics d'urgence pour assurer la survie d'Opel, examinait vendredi soir, un projet de vente d'Opel et de Vauxhall à Magna International.

La chancelière Angela Merkel, ses ministres et les délégués des Länder (Etats régionaux) concernés devaient rencontrer des représentants de GM, de Magna et du gouvernement américain au cours d'une réunion décisive à la chancellerie vendredi soir, après plusieurs jours de discussions tendues avec le Trésor américain et GM, accusé de faire monter les enchères.

Les pays européens essaient chacun dans la bataille de sauver les emplois de GM dans leur pays et une réunion de ministres des pays européens intéressés se déroulait vendredi à ce sujet.

GM emploie en Europe 55.000 personnes, près de la moitié en Allemagne, mais aussi au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne et en Pologne, sans oublier sa filiale suédoise Saab, déjà en faillite et que GM cherche à vendre.

Fiat semble avoir abandonné la partie pour Opel et se contenter de Chrysler. Il avait décidé de ne pas participer aux réunions de vendredi à Berlin sur Opel, après avoir refusé de débourser 300 millions de dollars supplementaires réclamés in extremis par GM.

Victimes «collatérales, les équipementiers Visteon et son petit concurrent Metaldyne, se sont mis en faillite jeudi.