General Motors est mort, vive «Government Motors»? Un temps le premier employeur des États-Unis, le constructeur automobile américain semblait jeudi à quelques jours de la faillite, malgré une ultime offre faite aux détenteurs d'obligations pour essayer d'éponger sa dette.

Reprenant le principe de l'offre rejetée mercredi, GM a proposé jeudi à ses créanciers obligataires d'effacer sa dette de 27 milliards de dollars US non garantie en échange de 10% du capital de la firme une fois restructurée, avec possibilité de monter jusqu'à 15% si ceux-ci acceptent de soutenir la vente des actifs de la compagnie à une nouvelle entité dans le cadre de la loi sur les faillites.

Dans un communiqué, la firme de Detroit a précisé qu'elle se placerait, à un certain stade du processus, sous la protection de cette loi, et que ses actifs toxiques et sains seraient séparés. Au terme du plan, le département américain du Trésor détiendrait 72,5% des parts de la nouvelle entité, le fonds de gestion de la couverture santé des retraités du groupe 17,5%, et «l'ancien GM» 10%.

GM a donné à ses créanciers jusqu'à samedi 17h pour se prononcer. Un comité de détenteurs d'obligations représentant 20% de la dette non garantie de GM a d'ores et déjà donné son accord.

Selon une source proche du dossier, le nouveau GM émergerait du processus avec une dette non garantie de 17 milliards US - dont huit à la charge du gouvernement américain.

Prévu même dans cette nouvelle offre, le placement de General Motors sous la protection de la loi sur les faillites apparaissait plus que probable jeudi.

Au terme du processus, les gouvernements américain et canadien pourraient détenir jusqu'à 70% du capital du constructeur, dont la plus grande partie pour le département américain au Trésor. Du jamais vu aux États-Unis, où les observateurs parlent désormais de «Government Motors».

Le gouvernement fédéral a déjà prêté près de 20 milliards US au constructeur, mais sa participation au processus de restructuration devant les tribunaux s'accompagnerait de nouvelles dépenses, dont la somme exacte dépendra de la durée de la procédure.

Selon les observateurs, le placement sous la protection du code des faillites ne devrait pas intervenir avant lundi, date limite fixée par Barack Obama à GM pour présenter un plan de restructuration jugé viable. Dans le cadre de ces efforts, General Motors va notamment fermer 14 usines et supprimer 21 000 emplois, selon une source proche du dossier.

La procédure de faillite contrôlée devrait être plus longue que celle actuellement en cours pour Chrysler, GM étant une plus grosse compagnie qui, de surcroît, ne dispose pas d'un partenaire potentiel comme Fiat pour Chrysler.

Le constructeur d'Auburn Hills, au Michigan, était, lui, engagé dans une audience marathon pour convaincre le juge Arthur Gonzalez de New York qu'un rapprochement avec l'italien Fiat était le meilleur moyen d'éviter la liquidation.

Ouverte mercredi, l'audience s'est étirée sur neuf heures avant de reprendre jeudi. Le juge Gonzalez devait notamment entendre jeudi le directeur général de Chrysler Robert Nardelli et a prévenu que les débats pouvaient se prolonger jusqu'à vendredi.

En cas de feu vert du tribunal, Chrysler pourrait sortir du cadre de la loi sur les faillites d'ici quelques semaines.