Le gouvernement allemand hésitait à sceller dès mercredi le sort du constructeur automobile Opel et de ses dizaines de milliers d'emplois, au vu de la faiblesse des offres de reprise.

Juridiquement, la voie était pourtant ouverte depuis ce mercredi pour une séparation entre Opel et sa maison-mère américaine General Motors: cette dernière a transféré à sa filiale allemande ses usines et ses brevets en Europe, à l'exception de la marque suédoise Saab, a annoncé à l'AFP un des porte-parole d'Opel.

L'opération était devenue urgente: GM annonçait mercredi l'échec de la restructuration de sa dette, ce qui le rapproche inéluctablement du dépôt de bilan.

Une réunion au sommet était prévue en soirée à Berlin avec des représentants du gouvernement et des États régionaux concernés par les usines Opel, des représentants de GM et du ministère américain des Finances.

Les trois candidats à la reprise, le constructeur italien Fiat, l'équipementier canadien Magna et le holding RHJ International, ainsi que le chef du comité d'entreprise d'Opel, Klaus Franz, devaient aussi participer à une réunion préparatoire mercredi après-midi à Berlin, selon des sources concordantes.

Le gouvernement allemand veut à la fois conclure les négociations avec GM pour protéger Opel de la faillite de sa maison-mère grâce à un financement public et la création d'une société fiduciaire chargée de gérer temporairement la marque allemande, et avancer sur un repreneur.

Mais sur ce dernier point, alors qu'il annonçait vendredi «une décision en milieu de semaine prochaine», il a temporisé mercredi: «Je ne m'attends pas à une décision sur un seul investisseur», a expliqué à l'AFP, Ulrich Wilhelm, porte-parole du gouvernement. «Il est bien plus dans l'intérêt d'Opel et du contribuable que les négociations puissent continuer avec plusieurs candidats concurrents».

Il est «probable que les négociations se poursuivent avec au moins deux investisseurs potentiels», a précisé le porte-parole adjoint Thomas Steg, au cours d'une conférence de presse.

À quelques heures du verdict attendu, qualifié mercredi de «loterie» par le président de Fiat Luca Cordero di Montezemolo, «tout n'est pas encore clair», a aussi admis le ministre des Finances, Peer Steinbrück.

Jusque là, Magna, adossé à la banque semi-publique russe Sberbank, faisait figure de favori. Il bénéficie d'une image plus sociale que Fiat, soupçonné de vouloir supprimer davantage d'emplois. Officiellement, les trois prétendants avancent le chiffre de 10 000 suppressions de postes en Europe.

Mais selon une évaluation réalisée par les experts du gouvernement et qui s'est étrangement retrouvée dans plusieurs journaux ce mercredi, le montage financier de l'équipementier est hautement risqué: Magna s'est engagé à investir 700 millions d'euros (1,08 milliard CAN), mais il s'agirait essentiellement de titres de dettes et non de capitaux propres.

Comme pour ajouter à la confusion, le chinois Beijing Automotive Industry Holding (BAIC) a réapparu sur le devant de la scène: il a manifesté son «intérêt» pour Opel, mais son projet est «nettement moins détaillé», selon le ministère de l'Économie interrogé par l'AFP. Il ne ferait «que trois pages», selon des sources d'entreprise.

Il y a des «contacts entre le gouvernement allemand et le côté chinois», mais BAIC ne sera pas représenté à Berlin mercredi soir, a indiqué M. Steg.

Dernier point de friction, l'Allemagne devait faire face à l'agacement de certains partenaires européens, comme la Belgique. La Commission européenne a décidé de convoquer une nouvelle réunion ministérielle de «coordination» sur l'avenir des sites européens de GM.

Opel, sa jumelle britannique Vauxhall et les usines européennes de pièces automobiles de GM emploient 55 000 personnes en Europe.