Le constructeur automobile américain Ford Motor a annoncé lundi le lancement d'une augmentation de capital, passant par l'émission de 300 millions d'actions nouvelles, qui marque encore un peu plus la différence avec ses rivaux en détresse General Motors et Chrysler.

Le groupe n'a pas précisé le montant qu'il espérait tirer de cette émission. Sur la base du cours de clôture de son action, il pourrait recueillir jusqu'à 1,8 milliard de dollars d'argent frais.

En cas de forte demande, l'offre pourra être augmentée de 45 millions de titres supplémentaires, a précisé le constructeur de Dearborn, au Michigan, qui lance cet appel au marché alors que la Bourse de New York vient de se redécouvrir un goût marqué pour le risque.

L'argent ainsi levé sera utilisé par le groupe pour «ses besoins généraux». Il pourra notamment être consacrée au financement en numéraire (et non en titres) d'une partie des engagements de Ford envers le fonds à gestion syndical assurant la couverture médicale des retraités du groupe.

«L'offre d'aujourd'hui est un autre exemple des mesures rapides et déterminées que nous prenons au fur et à mesure que notre plan (de restructuration) prend sa vitesse de croisière, y compris au niveau de l'amélioration de notre bilan», a commenté le directeur général Alan Mulally.

Le moment est bien choisi: l'action Ford a vu son cours multiplié par six par rapport à ses plus bas de l'automne (1,01 dollar) et valait désormais 6,08 dollars à la clôture du marché lundi. Le groupe est ainsi valorisé 14,5 milliards de dollars à la Bourse de New York.

La possibilité de lever des fonds en Bourse lui est donc permise, même si les investisseurs ne devront pas avoir froid aux yeux, surtout au regard de la très faible note du groupe auprès des agences de notation.

Mais cette option est interdite à ses rivaux Chrysler, qui a déposé son bilan il y a deux semaines, et General Motors, qui est menacé d'un sort analogue. L'ex-numéro un mondial de l'automobile ne vaut plus que 880 millions de dollars en bourse, après avoir averti ses actionnaires que leurs titres ne vaudront rien en cas de dépôt de bilan. Or ce scénario a encore gagné en probabilité, a averti son directeur général Fritz Henderson.

Les investisseurs ne goûtaient toutefois que très modérément l'audace de Ford: dans les échanges électroniques suivant la fermeture de Wall Street, l'action perdait 6,58%, à 5,68 dollars, le marché s'inquiétant des risques de dilution entraînés par l'augmentation de capital.