Le constructeur automobile General Motors a reconnu jeudi n'avoir d'autre issue qu'une mise en oeuvre sans faille du rigoureux plan de restructuration réclamé par le gouvernement, après avoir enregistré une lourde perte de 6 milliards de dollars au premier trimestre.

Déjà lancé dans une cure d'amaigrissement douloureuse et drastique, le constructeur est engagé dans de difficiles négociations avec syndicats et créanciers pour faire avaliser ce plan d'ici à la fin du mois.

En cas d'échec, ce sera le dépôt de bilan, comme pour son petit concurrent Chrysler. Jeudi, le directeur financier Ray Young semblait à moitié résigné, souhaitant surtout voir la fin d'un feuilleton interminable.

«Il faut qu'on arrête de faire la Une des journaux tous les jours. Que (la restructuration) passe par une procédure judiciaire ou non, il faut mettre ça dernière nous», a souligné M. Young devant les analystes.

M. Young a mis au moins partiellement sur le compte des «rumeurs de faillite» l'effondrement du chiffre d'affaires (-50%) et de la part de marché du groupe aux Etats-Unis (de 22,1% à 18,4%) au premier trimestre.

Le directeur général Fritz Henderson a déjà indiqué qu'il était plutôt probable que GM doive passer par un dépôt de bilan. Une probabilité évaluée encore jeudi «entre 60% et 80%» par un analyste de la banque JPMorgan Chase.

Pourtant, ce même analyste se disait impressionné par les efforts de réduction des coûts menés par le numéro un américain de l'automobile: la masse salariale a notamment été réduite de près d'un tiers en un an.

Sur les trois premiers mois de l'année, le constructeur a affiché une perte courante par action de 9,66 dollars, bien inférieure aux craintes des analystes, qui la voyaient atteindre 11,05 dollars par action.

Mais ce n'était pas assez pour rassurer les investisseurs: l'action GM perdait encore 4,22% à 1,59 dollar peu avant 16h00 GMT.

La perte est en effet bien plus importante que celle publiée l'an dernier à la même époque (3,3 milliards de dollars), même si elle est en retrait par rapport à celle des trois derniers mois de 2008 (9,6 milliards de dollars).

Le trimestre a été marqué par une chute de plus de 47% du chiffre d'affaires, à 22,4 milliards de dollars, suite à l'effondrement du marché.

«Nos résultats du premier trimestre soulignent l'importance de mettre en oeuvre le plan de viabilité révisé de GM», a souligné M. Henderson.

Le groupe, qui a déjà reçu 15,4 milliards de dollars de fonds publics depuis décembre, avait précisé mardi tabler sur 27 milliards de dollars de financements publics, soit 4,5 milliards de plus qu'annoncé en février.

Ce plan conduirait le Trésor des Etats-Unis à détenir plus de 50% du capital du constructeur (et 89% en association avec un fonds à gestion syndicale, selon le schéma rendu public la semaine dernière). Les créanciers se verraient reconnaître 10% du capital et les actionnaires actuels 1%.

M. Henderson, aux commandes depuis l'éviction de l'ancien PDG Rick Wagoner fin mars, a répété les grandes lignes de son plan de restructuration: recentrage sur quatre marques principales (Chevrolet, Cadillac, Buick, GMC), développement de voitures moins gourmandes en carburant et intensification des efforts de réductions de coût pour «rendre GM rentable rapidement».

Aucune échéance n'a été fixée pour le retour aux bénéfices.

Alors que le secteur automobile mondial est en pleine recomposition, avec Fiat déjà lié par un accord stratégique à Chrysler et intéressé par une prise de contrôle d'Opel et d'autres filiales européennes de GM, M. Young a indiqué être en contact avec «de nombreuses parties intéressées» par sa filiale allemande.