Que Chrysler se place ou non sous la protection de la loi sur les faillites, les actifs canadiens de l'entreprise sont suffisamment bien établis pour se sortir de cette crise sans trop de dommages, soutient un analyste.

«Dans l'ensemble, le Canada devrait mieux s'en tirer que les États-Unis», a affirmé vendredi Bill Pochiluk, président de la firme AutomotiveCompass, à l'heure où le fabricant automobile et son syndicat canadien négocient pour parvenir à une entente sur les compressions que devra mettre en place le constructeur.

«Je pense que nous avons devant nous une industrie en mesure de retrouver un bon niveau de concurrence, et le Canada, s'il poursuit dans cette veine, ne devrait pas être trop désavantagé.»

Le compte à rebours approche zéro dans la course que livre Chrysler pour survivre sans devoir passer par le tribunal des faillites. L'entreprise tente d'obtenir des concessions de la part de ses employés, de ses prêteurs et d'autres détenteurs de titres, afin de solidifier une entente avec Fiat et présenter aux gouvernements au Canada et aux États-Unis, d'ici jeudi prochain, un plan de relance acceptable.

L'entreprise continuait vendredi de discuter avec les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), et le syndicat et les autorités gouvernementales affirmaient que les deux parties étaient sur le point de s'entendre. Une annonce à cet effet était attendue vendredi après-midi.

Une telle nouvelle laisse croire que le président des TCA, Ken Lewenza, a finalement accepté de mettre de l'eau dans son vin, après avoir dit qu'il ne ferait pas de concession qu'il n'avait pas accordée à General Motors dans le cadre d'une entente conclue précédemment.

Dans le but de demeurer concurrentiels, les dirigeants de Chrysler affirment qu'ils doivent retrancher l'équivalent de 19 $ du salaire horaire de leurs travailleurs. Or, l'accord entériné par GM a mené à une réduction équivalente à 7 $ du tarif horaire des employés.

L'idée d'une négociation type - le principe voulant qu'un accord avec un des constructeurs devienne à toute fin pratique valable pour ses deux autres grands concurrents - semble avoir été rejetée, souligne M. Pochiluk, alors que Chrysler et GM tentent de peine et de misère de se maintenir en vie dans un contexte où les ventes de voitures sont à leur plus bas, et ce, depuis de nombreuses années.

«La négociation type ne fonctionne pas dans pareilles circonstances parce que les exigences et les ressources de General Motors étaient complètement différentes de celles de Chrysler, a précisé M. Pochiluk.

Celui-ci a par ailleurs prédit que GM demandera de nouvelles concessions une fois l'entente avec Chrysler annoncée.

Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, a affirmé vendredi que Chrysler et le syndicat s'approchaient d'un accord que le gouvernement ontarien pouvait appuyer.

«Je pense que nous sommes de plus en plus près d'une entente que nous pouvons justifier au nom des contribuables», a-t-il résumé.

M. McGuinty n'a pas voulu préciser quelle serait l'étape suivante si une entente devait intervenir vendredi, mais il a rappelé qu'il restait encore beaucoup de travail à faire avant que les gouvernements au Canada et aux États-Unis ne procurent à Chrysler l'aide à long terme que l'entreprise a demandée.

Le premier ministre ontarien a ajouté qu'il était important que les TCA et le Syndicat des travailleurs unis de l'automobile d'Amérique en arrivent à des ententes semblables avec Chrysler.

«En gros, a-t-il expliqué, si nous sommes incapables d'égaler ce qui sera offert là-bas, nous serons moins concurrentiels. Dans un tel cas, le maintien de la production ici sera beaucoup moins intéressant.»