Ultimatum pour General Motors (GM) et Chrysler. Jugeant insuffisants leurs efforts pour justifier de nouvelles aides fédérales, le président américain Barack Obama donne respectivement 60 et 30 jours aux deux constructeurs pour «se restructurer de manière fondamentale» afin d'être à nouveau compétitifs. En cas d'échec, les procédures de faillite contrôlée pourront être mises en oeuvre.

«Mon administration va offrir à GM et Chrysler une période de temps limitée envers les créanciers, les syndicats et les autres parties prenantes pour se restructurer de manière fondamentale, afin de justifier l'investissement supplémentaire d'argent du contribuable», a déclaré hier Barack Obama, en présentant son plan en faveur de l'industrie automobile à la Maison-Blanche.

 

L'annonce a eu l'effet d'une bombe en Bourse: l'action de GM a chuté de 92 cents, ou 25,4%, à 2,70 $US hier.

«Nous ne pouvons pas continuer à excuser de mauvaises décisions», «et nous ne pouvons pas laisser la survie de notre industrie automobile dépendre d'un flot ininterrompu d'argent du contribuable».

Concessions douloureuses

Face à la plus grave crise du secteur depuis 27 ans, Barack Obama a exigé des «concessions douloureuses» et des «efforts sans précédent» pour sauver l'industrie automobile, «symbole de l'esprit américain» et «pilier de notre économie». «Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, et nous ne laisserons pas notre industrie automobile simplement disparaître», a-t-il assuré.

Dans l'urgence, les deux constructeurs, qui emploient environ 140 000 personnes aux États-Unis, sont donc au pied du mur.

En février, GM avait affiché son intention de supprimer 47 000 emplois dans le monde cette année, après avoir déjà supprimé plusieurs dizaines de milliers d'emplois depuis 2006.

Chrysler avait de son côté tablé sur la suppression de 3000 emplois cette année pour pouvoir boucler son plan de viabilité, après avoir supprimé plus de 30 000 emplois en 2007 et 2008.

Pour Michelle Krebs, analyste chez Edmunds, «il est en effet assez clair que GM et Chrysler vont devoir faire plus dans les domaines des suppressions d'emplois et des réductions de capacités».

Chrysler, dont la situation est, selon Obama, la plus «délicate», dispose de 30 jours pour signer un accord de partenariat avec Fiat, car le constructeur «a besoin d'un partenaire pour rester viable».

Fiat et Chrysler ont déclaré hier, dans un courriel, qu'ils avaient conclu une entente de principe. Mais «des obstacles substantiels» devront être surmontés avant un accord définitif.

Si les négociations aboutissent, «nous envisagerons de prêter jusqu'à 6 milliards pour permettre à leur plan de réussir», a indiqué le président américain.

À GM, le chef de la Maison-Blanche a accordé un délai de 60 jours - pendant lesquels l'État américain lui fournira un «capital de travail adéquat» - pour proposer un plan de restructuration acceptable pour l'administration.

Quant à la démission du PDG Rick Wagoner, poussé vers la sortie par la Maison-Blanche dimanche soir, il s'agit «de reconnaître le fait qu'il faut une nouvelle vision et une nouvelle direction pour créer le GM de l'avenir».

Si les deux constructeurs ne satisfont pas à ces exigences, les procédures de faillite contrôlée seront enclenchées pour leur permettre de «se restructurer rapidement et de sortir plus fort» de cette restructuration jugée nécessaire par Barack Obama.

Situation grave

Touchés par la crise et dépassés par les véhicules plus propres et plus économes en carburant de la concurrence étrangère, GM et Chrysler ont reçu à l'automne 17,4 milliards US en prêts fédéraux pour éviter la faillite. En février, GM a demandé 16,6 milliards supplémentaires, et Chrysler 5 milliards supplémentaires.

Face à la menace qui pèse sur ces constructeurs emblématiques d'une industrie historique aux États-Unis, Barack Obama n'a pas caché la gravité de la situation. «Les mesures que je prends auront un impact sur tous les Américains», a-t-il reconnu.

Mais il a tenté de rassurer la population en détaillant une série de mesures destinées à atténuer les conséquences de sa décision. Il a ainsi annoncé la nomination de l'ancien secrétaire adjoint au Travail Ed Montgomery à la tête d'une mission d'aide aux villes dépendantes de l'automobile.

L'État assurera l'application des garanties consommateur pour les véhicules GM et Chrysler, et souhaite utiliser une partie du plan pour financer un programme d'incitation aux ventes de véhicules qui donnerait aux consommateurs un «crédit généreux» pour remplacer leur vieille voiture par un véhicule neuf et moins polluant.

 

Le plan Obama

GENERAL MOTORS

>>> Le groupe de travail de l'administration Obama juge que GM n'a pas présenté de projet viable.

>>> Le PDG Rick Wagoner démissionne. Kent Kresa, membre du conseil d'administration, devient président par intérim et l'actuel président Fritz Henderson devient directeur général.

>>> L'administration est prête à fournir à GM des fonds pour fonctionner pendant 60 jours.

>>> La loi sur les faillites pourrait être utilisée «de façon rapide et chirurgicale» afin de revitaliser GM.

CHRYSLER

>>> Le groupe de travail a conclu que Chrysler n'était plus viable en tant qu'entité isolée.

>>> L'administration va fournir à Chrysler des fonds pour fonctionner pendant 30 jours, le temps de conclure une alliance avec le constructeur italien Fiat.

CONSOMMATEURS

>>> L'administration assurera l'application des garanties consommateur pour les véhicules GM et Chrysler.

>>> Le plan propose un programme incitatif pour augmenter les ventes de voitures. Ce programme donnerait aux consommateurs un «crédit généreux» pour remplacer leur vieille voiture. AP