De Montréal à Gaspé, en passant par le Saguenay, les concessionnaires d'automobiles du Québec sont secoués par la crise, mais le nombre de victimes parmi eux reste encore très limité. On s'accroche en espérant que le printemps ramène les clients dans les salles de montre.

«C'est sûr qu'on ne peut pas continuer l'année avec des baisses comme celles de janvier et février, dit Jacques Béchard, président de la Corporation des concessionnaires du Québec. On est sur le qui-vive.»

 

Ils sont 900 au Québec, qui emploient 35 000 personnes. Après plusieurs années de vaches grasses, le revirement a été brutal. À la fin de 2008, les clients ont soudainement déserté leurs commerces.

Les concessionnaires québécois ont encaissé des baisses mensuelles de 25 et 30% de leurs ventes depuis le début de 2009. Les chiffres de mars ne sont pas encore connus. En mettant à pied des employés et en gérant plus serré, ils ont réussi jusqu'à maintenant à tenir le coup. Les fermetures se comptent sur les doigts d'une main, selon Jacques Béchard.

Jean-Claude Gravel, gros concessionnaire GM à Brossard et L'Île-des-Soeurs, a presque mis la clé sous la porte de son commerce en janvier dernier. Ce sont les employés, en acceptant de réduire leur salaire, qui ont sauvé l'entreprise, explique-t-il.

Les salaires sont la principale dépense d'un concessionnaire automobile. Suivent, le loyer et le financement des voitures en stocks.

Moins de voitures vendues signifie plus de voitures à financer. Chez Jean-Marie Tremblay et son fils Jean-Philippe, concessionnaires Saturn (GM) du Saguenay, il y a en temps normal une centaine de voitures en stock. Depuis quelques mois, il en reste entre 150 et 200 et ça coûte cher, indique Jean-Marie Tremblay.

Plusieurs concessionnaires misent sur une reprise des ventes en avril et mai, parce que le printemps est traditionnellement un bon temps pour les ventes de voitures. Jean-Marie Tremblay, lui, a déjà mis une croix sur l'année en cours. «2009 est une année perdue», dit-il. Son entreprise a mis à pied quelques-uns de ses employés, mais elle n'a pas réduit ses dépenses en publicité. «On fait de la publicité pour faire venir le monde», explique-t-il.

Les clients commencent à revenir, selon Jean-Claude Gravel, qui dit avoir vendu la semaine dernière plus de voitures (40) que pendant tout le mois de février (17).

Les rabais sans précédent consentis par les manufacturiers y sont pour quelque chose, bien entendu. «Les meilleures offres que j'ai vues de ma vie», affirme le concessionnaire en affaires depuis 26 ans.

L'effet de ces rabais et des autres mesures incitatives comme le financement à 0% et la prolongation des garanties, devrait se faire sentir dans les statistiques de vente du mois de mars, espère M. Béchard.

Selon lui, la plupart des concessionnaires sont obligés d'accepter plus de voitures des manufacturiers et sont tenus également de participer aux promotions. Ce qui veut dire, en clair, une réduction de leur marge de profit ou sa disparition pure et simple, dans certains cas.

Heureusement, les taux d'intérêt sont très bas. «Si les taux d'intérêt étaient plus élevés, ça tomberait comme des mouches», dit-il. Il rappelle que lors de la récession de 1981, qui s'accompagnait de taux d'intérêt de 18%, 150 concessionnaires ont fermé leurs portes.