Après avoir vu la Chine devenir son principal marché d'exportation au chapitre des volumes l'an dernier, Olymel garde les yeux sur l'Asie afin de profiter des occasions découlant de la version amendée du Partenariat transpacifique (PTP).

La filiale de la Coop fédérée estime que la disparition des tarifs sur ses exportations de produits du porc lui permettra d'avoir un avantage marqué sur ses rivaux américains, notamment dans l'important marché du Japon.

«C'est la même chose pour l'Asie du Sud-Est, a commenté jeudi le président-directeur général d'Olymel, Réjean Nadeau, en marge de la 96e assemblée de la coopérative agricole. L'accord nous ouvre les portes du Vietnam, un marché qui n'était pas ouvert.»

Le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), dont la version amendée comprend le Canada et les dix autres membres du PTP - le Japon, le Mexique, l'Australie, Brunei, le Chili, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam - doit être ratifié le 8 mars.

Cet accord commercial prévoit que le Canada offrira un accès de 3,25 % à son secteur laitier, 2,3 % au marché des oeufs et 2,1 % à celui du poulet, comme prévu dans le PTP.

Ces brèches auront un impact pour les producteurs canadiens, a concédé M. Nadeau, qui estime que cela sera contrebalancé par des accès à de nouveaux marchés pour Olymel - présente dans 65 pays - et la disparition de tarifs douaniers.

«Auparavant, il y avait une barrière tarifaire de 20 cents à 25 cents le kilo, a expliqué le dirigeant d'Olymel. Au Japon, par exemple, les Américains vont devoir continuer à payer ce tarif.»

Spécialisée dans les viandes de porc et de volaille, Olymel, qui compte 11 500 employés, a été la locomotive de la Coop fédérée l'an dernier en générant plus de la moitié des ventes totales de 6,3 milliards $ et de l'excédent avant ristournes et impôts de 351 millions $.

La division des viandes a affiché un excédent de 290,4 millions, en hausse de 15,5 %, tandis que son chiffre d'affaires s'est établi à 3,43 milliards. Olymel a exporté pour environ 1,45 milliard de produits, principalement du porc.

M. Nadeau a prévenu qu'une diminution des barrières commerciales n'allait pas nécessairement signifier une hausse du volume des exportations, mais que cela permettrait de vendre plus de produits transformés, qui sont plus dispendieux.

Changements en Chine

Si Olymel a exporté pour 120 000 tonnes de produits du porc dans l'Empire du Milieu au cours de 2017, les revenus d'environ 225 millions ont été inférieurs à ceux générés par les exportations au Japon ainsi qu'aux États-Unis.

«La Chine est un acheteur important de sous-produits, comme des pieds ou des estomacs, qu'on ne retrouve pas sur notre marché domestique», a observé M. Nadeau.

Néanmoins, le patron d'Olymel a noté que depuis environ un an et demi, la demande des Chinois pour des coupes de porc avait commencé à croître, ce qui devrait avoir une incidence positive sur le chiffre d'affaires.

De plus, au fil des années, la proportion des produits transformés qui sont exportés par l'entreprise est passée de 20 % à 30 %.

«Nous sommes aussi en train d'évaluer certaines possibilités en Chine, a dit M. Nadeau. Nous sommes en train de travailler sur un protocole avec les Chinois pour exporter du porc frais, comme on le fait au Japon.»

Fond d'incertitude

À l'approche d'une autre ronde de négociations entre les États-Unis, le Canada et le Mexique afin de renouveler l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), le président de la Coop fédérée, Ghislain Gervais, a une fois de plus exhorté les négociateurs canadiens à ne rien céder sur la gestion de l'offre.

En point de presse, celui-ci a rappelé qu'une étude récemment commandée au cabinet PwC suggérait qu'un démantèlement de ce système ferait disparaître de 58 000 à 80 000 emplois - dont 26 000 au Québec - chez les producteurs d'oeufs et de volaille au pays.

La Coop fédérée a déclaré une ristourne de 88 millions pour l'exercice terminé le 28 octobre, ce qui constitue une progression de 60 % sur un an.

Dans la division agricole, l'excédent a légèrement fléchi, notamment en raison de la comptabilisation d'une charge de 3,4 millions pour la dévaluation d'un placement, alors que les revenus ont été de 1,93 milliard, en hausse de 14,2 millions.

Finalement, Groupe BMC, qui exploite un réseau de 300 quincailleries au Québec, en Ontario et dans les provinces maritimes, notamment, a réalisé un excédent de 1,1 million l'an dernier, par rapport à une perte de 28,9 millions en 2016.