Maintenant inscrit à la Bourse de Toronto, le spécialiste québécois des plats à cuisiner Marché Goodfood estime avoir les coudées franches pour se lancer à la conquête du reste du Canada.

Déjà présente au Québec, en Ontario ainsi que dans les Maritimes, l'entreprise montréalaise d'environ 200 employés, fondée il y a trois ans par son chef de la direction Jonathan Ferrari et son directeur financier Neil Cuggy, a les yeux tournés vers l'Ouest.

«D'ici les 12 prochains mois, nous voulons être en mesure de livrer à 95 % des Canadiens», a expliqué M. Ferrari, mercredi, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, à l'occasion de la première journée de négociation du titre.

L'appétit des investisseurs était par ailleurs au rendez-vous, puisqu'à la Bourse de Toronto, l'action s'est temporairement négociée à 3,50 $ pour finalement clôturer à 2,35 $. Cela représentait une hausse de 35 cents, ou 17,5 % par rapport à son prix initial de 2,00 $, lequel conférait à l'entreprise une valeur boursière de 100 millions $. Ses deux cofondateurs détiennent approximativement la moitié des titres.

Un placement privé de 21 millions $ avait également été effectué le mois dernier afin que Goodfood - première entreprise québécoise à s'inscrire à la Bourse de Toronto depuis le fournisseur de services musicaux Stingray en juin 2015 - puisse avoir les moyens de ses ambitions.

«Le capital financera des investissements visant à améliorer l'expérience client, nos technologies ainsi que la logistique pour augmenter notre capacité de production», a dit M. Ferrari.

Ventes en ligne

Établie dans l'arrondissement montréalais de Saint-Laurent, la compagnie dit effectuer chaque mois quelque 200 000 livraisons des ingrédients nécessaires à la concoction de recettes développées pour ses membres.

Goodfood, qui génère ses ventes par l'entremise du web, compte actuellement quelque 23 000 membres, ce qui constitue une augmentation de 77 % par rapport à la fin du mois de février.

«Une période exceptionnelle de croissance s'offre à nous, estime M. Ferrari. Les consommateurs canadiens se tournent de plus en plus vers les achats en ligne et le segment de l'épicerie est pratiquement inexistant.»

Celui-ci estime que l'entreprise peut damer le pion à des chaînes plus traditionnelles comme Metro, Loblaw et Sobeys en ce qui a trait à la livraison de plats prêts à cuisiner.

Contrairement aux épiciers traditionnels, l'entreprise québécoise n'a pas besoin de construire de magasins pour assurer sa présence aux quatre coins du pays, ce qui constitue un avantage concurrentiel, estime M. Ferrari.

Actuellement, le principal concurrent de Goodfood est l'entreprise ontarienne Chef's Plate, fondée en 2014, qui se spécialise également dans la livraison de boîtes à cuisiner.

Par ailleurs, au cours de la prochaine année, Goodfood prévoit embaucher «plusieurs centaines» de personnes, principalement au Québec, afin de suivre la croissance de son nombre d'abonnés.

Entre-temps, afin d'accroître son bassin de clients, l'entreprise continuera d'être dynamique en ce qui a trait à ses offensives publicitaires, notamment à la télévision.

«Peu de Canadiens ont déjà essayé du prêt-à-cuisiner, dit M. Ferrari. D'ici cinq ans, on estime qu'environ 1,5 million de Canadiens seront abonnés à ce genre de service. Ça ne se fera pas du jour au lendemain.»

En ce qui a trait à sa performance financière, Goodfood a affiché une perte nette de 4,88 millions $ à son premier semestre, qui se terminait à la fin février. Ses revenus pour cette période se sont élevés à 5,9 millions $. En 2016, la société avait encaissé une perte nette de 1,2 million $, alors que son chiffre d'affaires avait été de 2,8 millions $.

Le chef de la direction de Goodfood estime qu'il est encore «trop tôt dans l'histoire» pour cesser d'investir dans la croissance afin de dégager des bénéfices à court terme.