La France ouvre ses bras à Frite Alors ! À la mi-juillet, les Lyonnais ont vu poindre une deuxième franchise de la chaîne québécoise dans leur ville. Et ce, quatre ans après l'ouverture de la première.

« On s'attendait à un deuxième resto deux ans suivant l'ouverture du premier, mais celui qui devait d'abord prospecter pour la France est mort d'un cancer, raconte Yannick De Groote, associé, directeur développement de produit de Frite Alors ! Son jeune partenaire a alors tout repris. »

Ce partenaire, qui possède ce qu'on appelle une « master franchise » pour la France, et les associés québécois de Frite Alors ! ont maintenant les yeux sur d'autres villes en France. Grenoble, Bordeaux, Nice et Toulouse pourraient voir arriver sous peu la « friterie belge made in Québec », comme on l'a baptisée là-bas. 

L'entreprise vise l'implantation de cinq franchises au cours des cinq prochaines années dans l'Hexagone. « Dans des villes où il y a beaucoup de jeunes, précise l'associé et président Jean Jurdant. Mais pour un deuxième resto, c'était plus facile de gérer un endroit tout près du premier plutôt qu'à trois heures de distance. Et les banques suivent notre partenaire à 100 %. Tout le contraire d'ici, où il y a trop de faillites. »

Longue recherche

L'intérêt pour leurs frites rend un tel plan d'affaires réaliste aux yeux des associés. D'autant que le travail de longue haleine semble derrière eux. « Ce fut très long de défricher pour le premier resto, pour trouver les bons fournisseurs, raconte Yannick De Groote. Ça a pris deux ans, en comptant la recherche du local. »

« C'est dans le nord de la France, par exemple, que nous avons déniché le fournisseur de pommes de terre », ajoute Jean Jurdant.

Le premier resto lyonnais est le troisième sur le plan de la rentabilité des 16 de la chaîne, derrière ceux des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine à Montréal, au dire des dirigeants. « Et à Lyon, on ferme de 14 h à 17 h... et les mardis... et une semaine en juillet ! », énumère Jean Jurdant en souriant.

L'engouement marqué de la clientèle pour les poutines au menu y est en partie pour quelque chose.

« Au Québec, elles représentent le tiers du chiffre d'affaires. Mais là-bas, les trois cinquièmes », dit M. Jurdant.

La direction de Frite Alors ! est convaincue que la croissance de l'entreprise passera par l'Europe avant le Québec. « Car ce n'est pas évident à Montréal pour les restaurateurs, juge Jean Jurdant. On écope avec les travaux de réfection des rues et le prix des denrées. On est passés d'environ 10 % de bénéfices quand on a démarré, il y a 25 ans, à 6 %. Alors qu'en Europe, c'est du 10 %. Et le prix du loyer est moins cher là-bas : 1500 euros pour 150 places par mois contre 10 000 $ par mois sur Saint-Denis. »

Et même si l'investissement pour ouvrir un restaurant en France est deux fois plus élevé (600 000 euros pour Lyon), l'appui des banques là-bas rend les rêves plus réalisables.

L'intérêt des franchisés québécois a donc stagné. « Je serais plus tenté d'ouvrir à Toronto qu'à Montréal, même si je ne connais pas Toronto ! », lance Jean Jurdant.

Frite Alors ! soutient toutefois n'avoir jamais fait de plan formel de croissance, depuis un quart de siècle. « Ça a démarré lentement, car c'est toujours l'ami ou le gérant qui a ouvert le suivant », se remémore Yannick De Groote.

« D'autres entreprises se développent rapidement et se cannibalisent, estime Jean Jurdant. En 25 ans, on n'a eu qu'une seule faillite, à Saint-Sauveur. Et le gérant est rendu sur la rue Fleury ! »

Frite Alors ! en bref

• 14 restos au Québec

• 2 restos à Lyon, en France

• 10 millions en chiffre d'affaires

• 250 employés

• 420 tonnes de pommes de terre épluchées par an