La conclusion d'une entente de principe entre producteurs de lait et transformateurs sur une «stratégie des ingrédients» ne signifie pas pour autant que le fédéral peut se croiser les bras dans le dossier du lait diafiltré, insiste l'industrie.

Le président des Producteurs laitiers du Canada, Wally Smith, a indiqué jeudi avoir parlé notamment de cet enjeu au ministre de l'Agriculture, Lawrence MacAulay, lors d'une rencontre la veille. Selon lui, la réglementation sur la composition du fromage doit être appliquée par Ottawa.

En entrevue à La Presse canadienne, M. Smith s'est réjoui de l'accord intervenu mercredi entre les producteurs et les transformateurs, le résultat d'une collaboration d'un niveau «qu'il n'avait jamais constaté auparavant dans sa carrière».

Le lait diafiltré est un liquide importé des États-Unis dont la teneur en protéines est très élevée. Il est utilisé dans la production de fromages ou de yogourt, notamment.

Il est considéré comme un «ingrédient» quand il traverse la frontière et n'est ainsi pas soumis au système de gestion de l'offre qui prévaut au Canada pour le lait, les oeufs et la volaille. L'Agence canadienne d'inspection des aliments le considère toutefois comme du lait frais lorsqu'il entre dans la composition d'un fromage.

Dans une allocution faite mercredi à l'assemblée générale annuelle des Producteurs laitiers du Canada à l'Île-du-Prince-Édouard, le ministre MacAulay aurait été très clair sur l'importance de contrôler les importations, selon M. Smith.

Il aurait affirmé vouloir défendre le système de gestion de l'offre, voire le renforcer. «Nous avons hâte de voir ce qu'il va livrer là-dessus», a ajouté M. Smith.

Du côté des producteurs de lait du Québec, on presse également Ottawa de régler le dossier du lait diafiltré au plus vite.

«L'application de la réglementation gouvernementale, ça ne peut pas être entre les mains de l'industrie. C'est le rôle du gouvernement canadien», a affirmé le porte-parole des Producteurs de lait du Québec, François Dumontier.

«Peu importe ce qu'on fait dans l'entente, ça ne dédouane pas le gouvernement canadien d'appliquer la réglementation qui fait fonctionner la gestion de l'offre», a-t-il insisté.

Les producteurs de lait canadiens estiment les pertes liées à l'importation de lait diafiltré à 220 millions $ l'an dernier.

Si Agropur a temporairement cessé d'utiliser du lait diafiltré dans la confection de ses fromages, ce n'est pas le cas de Saputo et Parmalat, les deux autres gros joueurs de l'industrie au pays.