De mémoire d'hommes, la saison des fraises n'a jamais été aussi hâtive et abondante que cette année, affirme l'Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ).

Dès la fin du mois de mai, la grande quantité de petits fruits dans les champs a permis aux agriculteurs d'approvisionner les supermarchés.

« L'an dernier, la saison a commencé une semaine plus tard et ce n'était pas des volumes similaires. En mai, on se croyait en été avec des 280C et des 300C. C'est ça qui a fait la différence », a raconté à La Presse Louis Bélisle, de la ferme A. Bélisle & Fils, à Saint-Eustache, qui approvisionne Metro, IGA et Provigo.

« Il y a au moins 25 % de plus de fruits qu'à pareille date l'an dernier, c'est énorme », précise David Lemire, producteur de fraises de Trois-Rivières et président de l'APFFQ.

À son avis, le mois de mai n'a pas été plus chaud que d'habitude. Mais en laissant des bâches de plastique sur ses plans plus longtemps, il a pu « recréer un printemps chaud ». C'est-à-dire un printemps à 220C (en réalité, la moyenne s'est établie à 12,80C), la température idéale pour les baies, explique-t-il.

Au nord de Montréal, les récoltes ont commencé le 24 mai. En Montérégie, les fraises étaient assez mûres pour la cueillette quatre jours plus tard, soit le 28 mai. En Mauricie, il aura fallu attendre jusqu'au 1er juin, à Québec, jusqu'au 7 et en Mauricie jusqu'au 9, selon le Bulletin Info-Marchés Fraise et Framboise du 9 juin.

Changements de prix

Les derniers jours de froid et de pluie bousilleront-ils cet excellent départ ? Non, répond Louis Bélisle. À son avis, il n'y a pas de pénurie à l'horizon, même si la prochaine cueillette risque d'être retardée d'un jour ou deux.

De son côté, David Lemire estime que le mauvais temps va rétablir l'offre et la demande. Ses fraises sont arrivées sur le marché tellement tôt que la moitié des kiosques qu'il approvisionne n'étaient pas encore ouverts. « Un prix de vente de 1,70 $ la livre pour de la fraise hâtive on ne voit jamais ça. Normalement, c'est 2,50 $. »

La réalité de Louis Bélisle, qui approvisionne les supermarchés, est différente. Il s'attend plutôt à une baisse des prix la semaine prochaine. Jusqu'ici, la demande excédait l'offre, rapporte-t-il, de sorte que les prix ont été « très élevés ». 

« Metro et IGA voulaient toutes mes fraises [...] Il y a un engouement. Il nous en manquait tous les jours. Ils en voulaient deux, trois palettes de plus. ».

« Frio, frio ! »

Louis Bélisle n'a pas été pris de court par l'inhabituelle abondance de fraises à ce temps-ci de l'année. Ses travailleurs mexicains étaient arrivés au Québec depuis le mois d'avril. Mais jeudi matin, alors que le mercure n'atteignait pas 100C, le boulot était pénible.

« Mes cueilleurs mexicains avaient tous leur manteau d'hiver sur le dos ce matin [jeudi], leur tuque et des gants. Ils me disaient " frio, frio " patron ! », raconte le producteur maraîcher.

Quant à l'autocueillette, elle ne devrait pas commencer plus tôt qu'à l'habitude, car ces champs ne sont pas recouverts de bâches de plastique, contrairement à ceux destinés à la cueillette commerciale. 

Les amateurs de fraises devront donc attendre autour du 24 juin pour se rendre dans les champs.