Trente-six jours après avoir promis de consulter pendant 30 jours les producteurs de lait, le ministre fédéral de l'Agriculture n'a toujours rien à leur offrir dans le dossier du lait diafiltré.

Le ministre Lawrence MacAulay, à sa sortie du caucus mercredi, a admis que les 30 jours étaient passés. Mais non, il n'a pas de date pour une éventuelle annonce.

«Pas de date», s'est-il contenté de répéter à quelques reprises après avoir promis «quelque chose», «éventuellement».

Le 3 mai, sentant la pression monter, le ministre s'était engagé à rencontrer les producteurs et les représentants de l'industrie laitière. Ces rencontres ont bel et bien eu lieu, assure-t-il.

«Nous avons eu beaucoup d'information et nous allons gérer cette information que nous avons et nous allons ficeler le dossier», a répondu le ministre MacAulay aux questions de La Presse Canadienne.

«On a de la misère à voir ce qui prend tant de temps et ce qui serait supposément si compliqué», s'est plaint le porte-parole des Producteurs de lait du Québec, François Dumontier, joint au téléphone.

De l'avis des producteurs, cette consultation de 30 jours était déjà superflue. «Le ministre disait déjà en février comprendre le problème et reconnaître, ni plus ni moins, qu'on avait raison», a souligné M. Dumontier.

«On est au bout de notre patience», a-t-il conclu.

Jeudi dernier, quelques milliers d'agriculteurs ont envahi la colline parlementaire - quelques-uns avec leurs vaches ou leurs tracteurs -pour, une fois de plus, manifester leur mécontentement. Le ministre n'y était pas.

En entrevue, mercredi, M. MacAuley a dit «comprendre» cette colère. «Étant un fermier, je peux comprendre ce sentiment. J'ai trait des vaches toute ma vie, presque toute ma vie, jusqu'à ce que je vienne ici. Je comprends», a-t-il insisté.

Cette compréhension ne se traduit toujours pas en gestes, souligne celle qui mène le dossier pour l'opposition néo-démocrate. «Le gouvernement s'était engagé à régler le problème du lait diafiltré. Mais il se traîne les pieds et ce sont les producteurs qui en paient le prix», a lancé Ruth Ellen Brosseau au ministre MacAulay durant la période des questions de mercredi après-midi.

Les représentants de l'industrie laitière chiffrent à 220 millions $ les pertes liées aux importations de lait diafiltré en 2015, alors que les importations ont été de 32 000 tonnes, comparativement à environ 21 000 tonnes l'année précédente.

Considéré comme du lait par l'Agence canadienne des aliments (ACIA), le lait diafiltré - surtout utilisé dans la fabrication des fromages - est considéré comme un ingrédient à la frontière, ce qui lui permet d'échapper aux tarifs douaniers imposés au lait, oeufs et volailles.

À sa sortie des Communes, la députée Brosseau en a rajouté. «Ça fait longtemps qu'ils nous annoncent des promesses vides», a-t-elle dénoncé.

«On veut de l'action. Je pense que les producteurs ont été assez patients. (...) Il faut que le gouvernement agisse et annonce c'est quoi son plan», a-t-elle ajouté.

Son collègue bloquiste Louis Plamondon estime aussi que les producteurs ont assez attendu. «Il faut qu'il y ait quelque chose avant qu'on quitte pour l'été, quelque chose d'assez substantiel», a réclamé M. Plamondon.

«Il faut absolument arrêter l'hémorragie. Autrement, cela veut dire qu'on ne croit pas au système de gestion de l'offre», a-t-il lancé.

Or, s'il y a une profession de foi qui est toujours à la bouche du ministre MacAulay, c'est bien celle-là. «Ce gouvernement appuie la gestion de l'offre et l'a toujours appuyée», a-t-il encore répété en Chambre, mercredi.