Le grand patron de Saputo estime que la création d'une nouvelle catégorie de lait moins coûteux au Canada pourrait mettre fin au débat entourant les importations de lait diafiltré en provenance des États-Unis.

Selon Lino Saputo Jr, ce scénario, proposé par les producteurs ontariens, représente la « solution idéale » qui devrait être mise de l'avant partout au pays.

« Les transformateurs ont besoin d'une catégorie de protéines laitières comme aux États-Unis, a-t-il expliqué, jeudi, au cours d'un entretien, en marge de la divulgation des résultats du quatrième trimestre. Si nous pouvons le faire avec des produits canadiens, tant mieux. »

M. Saputo y est allé de cette proposition au même moment où des centaines de producteurs laitiers, dont plusieurs en provenance du Québec, ont pris d'assaut la colline parlementaire, à Ottawa, pour réclamer plus d'action dans le dossier de l'importation du lait diafiltré.

Ce lait, filtré à plusieurs reprises pour en garder une substance riche en protéines, est surtout utilisé par des transformateurs comme Saputo, Agropur et Parmalat dans la fabrication des fromages. Il est considéré comme un ingrédient lorsqu'il traverse la frontière, ce qui lui permet d'échapper aux droits de douane et de contourner le système de gestion de l'offre qui prévaut au Canada pour le lait, les oeufs et la volaille.

Bien qu'il souhaite que le dossier se règle, M. Saputo prévient que la solution qui sera mise de l'avant ne doit pas se traduire par une augmentation des coûts pour les transformateurs.

Autrement, le président et chef de la direction de la multinationale québécoise a prévenu que les consommateurs pourraient constater une augmentation du prix des fromages et yogourts sur les tablettes des épiceries.

« Ce n'est pas en mettant des barrières à la frontière que l'on va régler ce problème », a dit M. Saputo.

Celui-ci n'a toutefois pas l'intention d'emboîter le pas à sa grande rivale Agropur, qui a décidé de temporairement cesser l'utilisation de lait diafiltré.

Le dirigeant de Saputo s'explique mal pourquoi la proposition des fermiers ontariens n'a pas fait son chemin au Québec, mais croit que cela est sur le point de changer.

Saputo justifie la fermeture d'usines

Il a également justifié la fermeture de trois usines - celle de Princeville, au Québec, celle de Sydney, en Nouvelle-Écosse et celle d'Ottawa, en Ontario - d'ici la fin de 2017 par la volonté d'améliorer l'efficacité de la division canadienne de Saputo.

« Aux États-Unis, nos usines fonctionnent à 98% de leur capacité, alors qu'au Canada, nous sommes beaucoup moins efficaces, à 70% », a-t-il dit.

Dans ce qui s'est avéré une critique à mots couverts des systèmes de quotas et de la gestion de l'offre, M. Saputo a dit qu'il aimerait que la production laitière soit plus importante au Canada.

Résultats

Par ailleurs, Saputo a vu ses profits nets fléchir au quatrième trimestre, au cours duquel l'entreprise a comptabilisé une charge de restructuration de 23 millions liée à la fermeture de ses trois usines.

Au même trimestre l'an dernier, le transformateur laitier avait profité d'un gain de 25,9 millions pour la vente de sa division boulangerie.

Pour la période de trois mois terminée le 31 mars, Saputo a vu son bénéfice net s'établir à 141,2 millions, ou 36 cents par action, en recul de 10,3% par rapport à l'an dernier.

En excluant les éléments non récurrents, la multinationale a engrangé un profit ajusté de 164,8 millions, ou 41 cents par action, en hausse de près de 30%.

De son côté, le chiffre d'affaires s'est établi à 2,73 milliards, en progression de 8,7% comparativement à l'an dernier.

Cette performance trimestrielle s'est révélée légèrement supérieure aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un profit ajusté par action de 40 cents.

En conférence téléphonique avec les analystes, M. Saputo a également affirmé que l'entreprise était prête à allonger entre 3,0 et 3,5 milliards pour réaliser une ou plusieurs acquisitions, sans toutefois indiquer si des négociations avaient actuellement lieu.

Celui-ci a notamment évoqué le Brésil comme nouveau marché potentiel.