Le marché de la bière subit de profondes transformations et les grands brasseurs doivent investir pour rester dans le coup. On en a eu une belle illustration hier avec l'annonce de la production à l'usine montréalaise de Labatt des produits prêts à boire à saveur de fruits.

Ce type de boisson, qui représente actuellement de 2 à 3 % du marché, connaît une croissance de 10 à 20 % par année, contrairement au marché de la bière en général qui est stagnant au Québec.

« Notre mandat, c'est de s'assurer d'être présent dans les segments où il y a de la croissance et d'être le leader dans ce segment », a expliqué Jean Gagnon, vice-président Affaires corporatives Québec pour la Brasserie Labatt, dans une mêlée de presse qui a suivi la visite officielle des installations.

Labatt est une division du géant AB InBev, qui produit plus de 200 bières dans plus de 100 pays. Il possède les marques internationales Budweiser, Corona, Stella Artois et Brahma.

DE LA HAUTE TECHNOLOGIE

En présence de la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, la brasserie, située dans l'arrondissement de LaSalle, a inauguré ses nouveaux équipements d'une valeur de 53 millions, qui ont nécessité deux rondes d'investissement en trois ans. L'investissement consolide 800 emplois.

« Quand on parle de modernisation, les gens se demandent : "Est-ce que des gens n'auront plus d'emplois ?" Bien au contraire, on est capables d'augmenter la capacité de production, on est capables d'acquérir davantage de parts de marché ; c'est ce qui permet à l'entreprise d'innover et de maintenir le nombre d'employés », a dit la ministre Dominique Anglade, ingénieure industrielle de formation.

Tout dernièrement, l'entreprise brassicole a investi 24 millions en équipement pour produire des boissons aromatisées à base de malt.

À partir de la bière, Labatt est maintenant capable de produire par nanofiltration un alcool incolore, inodore et sans saveur qui est ensuite mélangé à des saveurs de fruits pour produire les boissons de marque Palm Bay et Rita de Bud Lime.

Ce produit plaît entre autres à la clientèle féminine. Il vise à concurrencer les poppers et coolers à base de vodka ou de vin.

L'usine de LaSalle a obtenu le mandat d'AB InBev de produire les boissons Palm Bay pour tout le Canada. Les produits prêts à boire étaient auparavant importés de l'usine de Baldwinsville, de l'État de New York.

« On avait une capacité de production excédentaire à l'usine, a expliqué M. Gagnon. Tous les équipements qu'on a vus aujourd'hui ont été ajoutés à nos installations. C'est vraiment une rénovation de la brasserie qui a été effectuée. Le Québec s'est bien défendu [pour décrocher le mandat] avec le gros travail des employés de Montréal. »

POPULARITÉ DE LA CANETTE

La première ronde d'investissement remonte à 2013. La brasserie avait alors installé au coût de 29 millions une nouvelle chaîne de canettes. Cet ajout était rendu essentiel pour assurer la pérennité de la présence de Labatt à Montréal puisqu'une bière sur deux en 2016 se vend en canette. Investissement Québec a mis 2 millions à ce moment-là.

L'investissement dans une chaîne de canettes a été stratégique à plus d'un titre. D'abord, il a permis de rapatrier à Montréal la production de Budweiser en canettes. Ensuite, l'usine a décroché le mandat des prêts à boire en partie grâce à sa chaîne de canettes, car les boissons Palm Bay et Rita sont vendues uniquement en canettes.

LABATT AU QUÉBEC

17 centres de distribution

1300 employés

1 usine

production de 25 millions de caisses de 24 par an

16 marques brassées à Montréal

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La brasserie de Labatt au Québec est située dans l’arrondissement de LaSalle, à Montréal.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La production des boissons de marque Palm Bay se fera à LaSalle.