Une cinquantaine de producteurs laitiers québécois se sont réunis devant l'usine Parmalat située dans l'ouest de Montréal, mardi matin. Ils ont bloqué l'entrée de l'usine qui utilise du lait diafiltré américain plutôt que le leur. 

Cette situation dure depuis des mois, et les producteurs québécois demandent à Ottawa de régler le dossier une fois pour toutes.

Le lait diafiltré est un produit qui profite d'une double personnalité pour traverser la frontière et se faufiler dans le lait et le yogourt québécois. Lorsqu'il arrive à la frontière, il est considéré comme des protéines laitières. Il peut donc traverser sans souci, puisque le contrôle des protéines se fait au moment de la transformation et non de l'importation. 

Les grands de l'industrie laitière doivent utiliser une quantité maximum de protéines dans leurs recettes de fromage s'ils veulent toujours pouvoir identifier leur produit comme un fromage.

Le hic, et il est de taille, c'est que ce lait diafiltré étant liquide, l'Agence canadienne d'inspection des aliments le considère comme un produit laitier. Les transformateurs peuvent en utiliser autant qu'ils le souhaitent. Et comme il est moins cher, les grands industriels laitiers comme Parmalat, mais aussi Saputo et Agropur, le préfèrent au lait québécois. 

« Le gouvernement du Canada est chargé de faire respecter la loi qui limite l'utilisation de concentré de protéines dans la fabrication de fromage, mais ne le fait pas. Nous voulons les forcer à agir », indique le producteur Bruno St-Pierre, qui participe à des manifestations depuis des mois, dont celle de mardi matin à Montréal.

Qu'en dit l'UPA ?

« Ça nous a pris par surprise, admet Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), à propos de la manifestation de mardi matin. En même temps, ça démontre bien le ras-le-bol des producteurs devant l'inaction du gouvernement. Les producteurs ont ciblé un des utilisateurs des protéines, mais je ne crois pas que ça soit eux les responsables, mais plutôt le laxisme d'Ottawa, qui ne règle pas un problème simple à régler. C'est incompréhensible. »

Ruth Ellen Brosseau à la rescousse

L'UPA et les producteurs laitiers ne sont pas les seuls à vouloir que ce dossier se règle : la députée néo-démocrate de Berthier-Maskinongé, Ruth Ellen Brosseau, demande au gouvernement fédéral de faire respecter les normes fromagères canadiennes, ce qui freinerait l'importation de lait diafiltré américain. 

« Les producteurs sont en train de se faire voler, lance la politicienne. C'est une honte. » Sa circonscription compte des centaines de fermes laitières, rappelle-t-elle, et plusieurs agriculteurs éprouvent de sérieuses difficultés financières. « Le gouvernement veut encore étudier la question, dit Ruth Ellen Brosseau. Le problème du lait diafiltré existe depuis deux ans au Canada. Si le gouvernement appliquait ses règles dès aujourd'hui, on arrêterait les pertes dès maintenant pour l'industrie laitière québécoise. »