Les prix n'ont pas fini d'augmenter dans les supermarchés. Après les bonds importants observés au rayon des produits frais (viande, fruits et légumes), les aliments non périssables commencent à coûter plus cher. Cette fois, la chute rapide et marquée du dollar canadien est la principale cause.

Dans le cas des fruits et légumes, il faut attribuer la responsabilité surtout au puissant El Niño qui touche le sud des États-Unis et le Mexique. En ce qui concerne la viande, les facteurs sont multiples : baisse de l'offre, maladies, hausse du prix du grain, sécheresse... La dévaluation du huard compte, mais dans une moindre mesure.

Au cours des prochains mois, les aliments transformés par les Nestlé, Kraft et Unilever de ce monde n'échapperont vraisemblablement pas à la tendance.

« Nous nous attendons à ce que les manufacturiers américains et européens d'aliments non périssables négocient [avec les détaillants] des augmentations de prix en 2016 pour compenser le déclin du dollar canadien. » - Keith Howlett, analyste de Desjardins, dans une note transmise aux investisseurs cette semaine

Son confrère Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, est du même avis. Leurs prédictions se vérifient déjà chez Metro.

Questionné mardi sur le sujet, le grand patron de l'épicier québécois a répondu qu'il avait « commencé à l'automne à voir un peu ça ». « Ce n'est pas majeur, a précisé Eric R. La Flèche, mais c'est commencé et on s'attend à une certaine intensification plus tard cet hiver et au printemps. »

Historiquement, on a vu que l'inflation ne s'est pas toujours traduite par des hausses de prix en magasin, mais plutôt par des réductions de formats. Celles-ci, pas toujours évidentes au premier coup d'oeil, ont souvent été dénoncées.

« DÉFI AMPLIFIÉ »

Keith Howlett rappelle que depuis six trimestres, soit depuis l'été 2014, les épiciers ont été en mesure de refiler leurs hausses « significatives » de coûts aux consommateurs, de sorte que leur marge bénéficiaire n'a pas souffert. Mais à l'avenir, croit-il, cela risque d'être plus difficile de maintenir les marges à cause du recul brutal du huard.

D'ailleurs, Metro a admis que le jeu des devises, depuis Noël, a « amplifié le défi ».

« On va regarder la situation de près. Nous serons concurrentiels dans le marché et nous trouverons des solutions pour offrir aux clients un bon rapport qualité-prix », a assuré Eric R. La Flèche, au cours d'une conférence téléphonique au sujet des résultats du 1er trimestre, plus tôt cette semaine.

Certains facteurs qui stabilisent le marché donneront un coup de main aux détaillants, souligne toutefois Peter Sklar. La concurrence est moins intense, note-t-il, maintenant que Safeway a été acquise par Sobeys, que Target a quitté le Canada et que la plupart (75 %) des Walmart sont convertis en Supercentres.

Par ailleurs, selon une étude mensuelle que l'analyste effectue à Toronto et Montréal, le prix des aliments a bondi de 4 % au dernier trimestre de 2015, par rapport à la même période en 2014. Le panier de référence de l'institution financière comprend 70 aliments. Depuis deux ans, la viande est la catégorie affichant la plus forte inflation.