Le numéro un mondial de la bière AB InBev a appelé jeudi les actionnaires de son concurrent SABMiller à soutenir activement l'offre de rachat de plus de 90 milliards d'euros présentée la veille et à «dire tout haut» s'ils pensent que des «discussions appropriées» doivent avoir lieu.

«Malgré nos efforts, le conseil d'administration de SABMiller a refusé de s'engager dans des discussions avec nous. (...) Si les actionnaires sont d'accord pour que nous engagions des discussions appropriées, ils devraient le dire à voix haute et ne pas laisser le conseil d'administration rater cette opportunité», a affirmé Carlos Brito, le numéro un d'AB InBev dans un communiqué.

Cet appel est notamment lancé aux principaux actionnaires de SABMiller, le cigarettier Altria, propriétaire de Marlboro, afin qu'ils donnent de la voix pour soutenir cette offre à laquelle ils sont favorables. Ils avaient apporté leur soutien mercredi par voie de communiqué.

«Notre offre crée énormément de valeur pour tous», continue de plaider M. Brito.

Dans son communiqué, le groupe belgo-brésilien, basé à Louvain, se dit «surpris» par le refus du conseil d'administration de SABMiller pour qui la proposition rendue publique mercredi «sous-évalue très substantiellement» le brasseur.

Mercredi, le conseil d'administration de SABMiller avait refusé une troisième offre déposée par AB InBev à son égard, qui valorisait chacune de ses actions à hauteur de 42,15 livres sterling, soit un bonus de 44% par rapport au cours de clôture de l'action au soir du 14 septembre.

Cette troisième offre contenait aussi la possibilité offerte aux actionnaires de SABMiller qui la préfèreraient une possibilité d'échanger leur titre contre 0,48 action AB InBev - le total des actions SABMiller échangées par ce biais ne pouvant toutefois pas dépasser 41% des actions du groupe en circulation, le reste devant être vendu en numéraire.

La majorité du conseil d'administration de SABMiller a estimé que cette offre sous-évaluait «très substantiellement» le brasseur néo-britannique. Au sein de ce conseil, les représentants du premier actionnaire du groupe, le cigarettier Altria (propriétaire de Marlboro), n'ont toutefois pas voté en faveur du rejet de cette offre.

«Dans un acte résolument hostile, Anheuser Busch InBev a pressé les actionnaires de SAB de 'faire entendre leurs voix' s'ils veulent voir la fusion réalisée», a commenté Connor Campbell, analyste chez Spreadex.

«Le géant belge des boissons veut faire pression publiquement sur la famille Santo Domingo (qui possède 14% des parts dans SAB) pour qu'elle accepte un accord auquel s'est déjà rangé le groupe Altria (qui possède 27% des parts)», a ajouté M. Campbell.

La direction de SABMiller n'a pas réagi officiellement à cette nouvelle initiative d'AB InBev, dont l'opération d'acquisition, si elle était concrétisée, pourrait représenter la troisième plus importante de l'histoire dans le monde, tous secteurs confondus.

Vers 10h00 jeudi, le titre d'AB InBev reculait de 1,30% à 97,37 euros à la Bourse de Bruxelles. À Londres, l'action SABMiller était quasi-stable (-0,06%) à 3631 pence.