Le géant britannique de la distribution Tesco a annoncé lundi la vente de son activité sud-coréenne, Homeplus, pour plus de 4 milliards de livres (8,11 milliards de dollars canadiens) à un consortium mené par le fonds d'investissement coréen MBK Partners.

Confronté entre autres à des difficultés sur le marché britannique, Tesco voulait céder cette activité, sa plus importante à l'étranger, pour dégager des liquidités. Le groupe a expliqué dans un communiqué que cette opération allait lui permettre de réduire sa dette de 4,225 milliards de livres - un montant proche de celui du montant de la transaction.

Le nouveau directeur général, Dave Lewis, arrivé en septembre dernier après le renvoi de son prédécesseur Philip Clarke pour cause de mauvais résultats, a lancé un vaste plan de restructuration visant entre autres à renouer avec le succès sur le marché britannique et à solidifier le bilan du géant.

Entrant dans ce cadre, la vente de Homeplus avait suscité l'intérêt de divers investisseurs, comme les fonds d'investissement Carlyle d'un côté, Affinity et KKR de l'autre, ainsi que les distributeurs locaux Lotte et Hyundai Department Store.

Mais c'est finalement un consortium mené par MBK Partners qui a emporté l'accord de Tesco. Outre cette firme sud-coréenne, des fonds de pension du Canada et le fonds souverain singapourien Temasek font partie du consortium acquéreur.

Année cauchemardesque

Tesco avait acheté en 1999 au géant sud-coréen Samsung la majorité de Homeplus, qui ne représentait alors qu'un distributeur de taille moyenne. Le groupe britannique a ensuite acquis peu à peu la totalité du capital, tout en faisant de sa filiale le numéro deux en Corée du Sud. Homeplus possède désormais 140 hypermarchés, 375 supermarchés et 327 supérettes et gère des galeries marchandes.

Il emploie 26 000 personnes et sert plus de 6 millions de clients chaque semaine. Lors de l'exercice comptable de mars 2014 à février 2015, il a réalisé un chiffre d'affaires de 9 300 milliards de wons (l'équivalent de 7,34 milliards d'euros au taux de change retenu par Tesco).

Moyennant entre autres l'accord des autorités de régulation, la transaction devrait être bouclée dès le dernier trimestre de l'année calendaire 2015, a espéré le géant britannique.

Tesco a connu un exercice comptable 2014-2015 cauchemardesque, achevé sur une perte nette de 5,7 milliards de livres (près de 8 milliards d'euros), après avoir vu son bénéfice opérationnel plonger au Royaume-Uni. Sur son principal marché, le géant est confronté à une véritable «guerre des prix» lancée sous l'impulsion des enseignes allemandes de maxidiscompte Aldi et Lidl. Les groupes britanniques traditionnels visant une clientèle large, comme Tesco, mais aussi Morrison et Sainsbury, se voient contraints de sabrer leurs prix sous l'effet de cette concurrence, ce qui sape leur rentabilité.

Ces mauvais résultats ont été accompagnés par un scandale qui a entaché la réputation du groupe, lorsque Tesco a reconnu en septembre dernier que sa direction financière avait surestimé ses bénéfices de quelque 250 millions de livres - une affaire qui fait l'objet d'une enquête judiciaire et a entraîné le départ de plusieurs hauts responsables.

Le détaillant a annoncé en outre début janvier la fermeture de 43 magasins non rentables au Royaume-Uni.

«Depuis sa nomination l'an dernier, Dave Lewis a fait du renforcement du bilan sa priorité. Même si Homeplus était rentable, le groupe se concentre sur la protection de ses parts de marchés face à une compétition accrue venant des chaînes de maxidiscompte», a expliqué Philip Benton, analyste chez Euromonitor International.

À l'étranger, le groupe a donc tendance à restructurer voire à vendre ses activités, plutôt qu'à les amplifier, ce qui lui permet de concentrer ses efforts sur son marché domestique. «Des spéculations montent à propos du lancement imminent au Royaume-Uni d'Amazon Fresh (le service de livraisons de produits alimentaires du géant américain, NDLR), représentant un défi supplémentaire pour Tesco, ce qui fait de la vente de son activité en Corée du Sud un geste sensé», a ajouté M. Benton.

L'action Tesco stagnait lundi vers 11H00 GMT à la Bourse de Londres (+0,05% à 186,05 pence).