Saputo n'a pas fini de grandir. Son bilan lui permet d'envisager des acquisitions d'une valeur allant de 500 millions à 2,5 milliards de dollars en 2015. Après l'Australie l'an dernier, le géant de la transformation laitière a maintenant la Nouvelle-Zélande et le Brésil dans sa ligne de mire.

Face à un marché canadien qui croît au rythme de 1% par année au maximum, l'entreprise agroalimentaire fondée à Montréal par un immigré sicilien en 1954 poursuit ses efforts à l'international.

La société, qui a réalisé pas moins de 23 acquisitions depuis qu'elle s'est inscrite en Bourse en 1997, a trois cibles dans l'immédiat: le Brésil, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, où le marché reste très fragmenté. À plus long terme, elle envisagerait un retour en Europe à certaines conditions.

Son vice-président du conseil et chef de la direction, Lino Saputo, Jr, a présenté hier midi sa stratégie de croissance à la tribune du Cercle canadien, à l'hôtel Reine Elizabeth.

Avec des revenus de 9,2 milliards, 55 usines et 12 700 employés, Saputo fait déjà partie du cercle des 10 transformateurs laitiers les plus importants de la planète. La société dispose de plateformes de fabrication au Canada, aux États-Unis, en Argentine et, depuis l'an dernier, en Australie avec l'acquisition fort médiatisée de Warrnambool.

Saputo fait maintenant de la prospection au Brésil, un des plus importants marchés de consommateurs de produits laitiers dans le monde avec ses 200 millions d'habitants. L'instabilité politique en Argentine - des accusations d'entrave à la justice ont été déposées à l'encontre de la présidente Cristina Kirchner pas plus tard que la semaine dernière - l'incite à regarder son voisin de plus près. Saputo aimerait y acquérir des usines de production pour nourrir le marché local.

La Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial de produits laitiers, est aussi considérée par Lino Saputo, maintenant que son entreprise dispose d'installations en Océanie. «Nous sommes certainement devenus des acheteurs plus sérieux en Nouvelle-Zélande que nous l'étions avant Warrnambool», a-t-il dit dans un point de presse suivant son allocution.

En Nouvelle-Zélande, Saputo regarde les actifs que ne détient pas le leader du marché Fonterra. Depuis la réglementation du marché néo-zélandais du lait en 2001, la part de marché de Fonterra dans les solides de lait est passée de 96% à moins de 87%, selon la firme infometrics.

«Avec la croissance de la consommation de poudre de lait dans les pays émergents comme la Chine, de l'ordre de 5 à 7% par année, les économistes s'accordent à dire qu'il viendra un moment où il y aura une pénurie. Nous voulons être dans ces pays producteurs de poudre de lait qui exportent vers les pays émergents», a expliqué M. Saputo aux journalistes. La Nouvelle-Zélande exporte 90% de sa production laitière, notamment sous la forme de poudre de lait.

Finalement, aux États-Unis, où Saputo est actuellement le troisième producteur de fromages, le marché reste fragmenté, donc propice à de nouvelles acquisitions. Ceci est vrai autant pour le fromage que pour la transformation du lait en produits laitiers. Le taux de change défavorable n'influence pas le processus de décision, a soutenu le chef de la direction, en réponse à une question des journalistes.

Pour ce qui est de l'Europe, où Saputo a déjà eu dans le passé des usines de petite taille de fabrication de mozzarella au Royaume-Uni et en Allemagne, un retour est envisagé si les conditions gagnantes se présentent. En gros, ça signifie la possibilité d'acquérir un producteur ayant une masse critique tout en disposant d'une gamme complète de produits poussée par des marques fortes.

Répartition géographique des activités de Saputo

Canada: 40% des revenus; 5900 employés; 25 usines

États-Unis: 49% des revenus; 5300 employés; 26 usines

International: 11% des revenus; 1500 employés; 4 usines