Les prix des matières premières alimentaires ont divergé cette semaine, les cours du sucre et du café étant portés par des inquiétudes sur la production brésilienne tandis que le cacao souffrait toujours de prises de bénéfices après son envolée fin septembre.

Le café s'envole à cause des craintes sur l'offre brésilienne

Les cours du café ont accentué leur hausse cette semaine, l'arabica grimpant jusqu'à son plus haut niveau depuis janvier 2012 lundi à New York (à 225,50 cents la livre) tandis que le robusta a atteint vendredi à Londres son maximum depuis près de sept mois (à 2200 dollars la tonne).

La forte hausse de l'arabica est attribuable au temps sec qui sévit à nouveau dans les zones de production de ce type de café au Brésil, premier producteur mondial, alors que les caféiers ont besoin d'eau pendant leur floraison.

«C'est un moment critique pour la nouvelle récolte actuellement, les fleurs risquent de mal se développer à cause du manque de pluie», a souligné Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

«La sécheresse actuelle vient se rajouter à celle plus tôt cette année», a-t-il rappelé.

Le Brésil a en effet connu une sécheresse historique au premier trimestre, qui a affecté les caféiers au moment du développement des fruits et devrait provoquer une chute de 8 % de la production en 2014 (à 45,1 millions de sacs de 60 kilos contre 49,15 millions de sacs en 2013).

Avec cette nouvelle période sèche, il est craint que la production brésilienne de l'année prochaine soit également affectée.

«Bien que la récolte de 2015 soit encore loin, il y a des estimations qui circulent selon lesquelles elle pourrait être comprise entre 40 et 43 millions de sacs», ont rapporté les experts de Commerzbank.

De son côté, le robusta voit son cours tiré par la hausse de l'arabica, mais dans une moindre mesure, car la production brésilienne de ce type de café n'a pas été affectée (elle est même attendue en hausse) tandis que l'offre du Vietnam (numéro 2 mondial) est également abondante, a-t-on ajouté chez Commerzbank.

Le cacao souffre toujours de prises de bénéfices

Les cours du cacao ont continué à pâtir de prises de bénéfices cette semaine, tombant jeudi à Londres à leur plus bas niveau depuis fin juillet (à 1969 livres sterling la tonne) et mercredi à New York à un minimum depuis fin mai (à 3030 dollars la tonne).

«La prime de risque liée à Ebola s'évanouit du marché», a expliqué Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group.

«L'annonce de prix plus élevés pour les producteurs de cacao et des conditions climatiques favorables ont rendu le marché optimiste sur les futures récoltes en Afrique de l'Ouest et ont fait reculer les craintes sur Ebola», ont ajouté les experts de Commerzbank.

Fin septembre, les craintes que l'épidémie Ebola ne se répande à la Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux premiers producteurs mondiaux de cacao, ont poussé les cours de la fève brune à des niveaux inconnus depuis le printemps 2011 (à 2187 livres sterling la tonne et 3399 dollars la tonne).

La Côte d'Ivoire, qui représente 40 % de l'offre mondiale de cacao, partage une frontière avec le Liberia et la Guinée, deux des pays les plus touchés par Ebola.

En toute fin de semaine, les cours du cacao ont rebondi, alors que la Côte d'Ivoire a averti que la récolte de la saison 2014/15 pourrait se trouver réduite de 8 % par rapport à la saison dernière en raison d'une maladie touchant les cultures, ont rapporté les experts de Commerzbank.

Le sucre rebondit alors que ralentit la production brésilienne

Les cours du sucre ont rebondi cette semaine, montant à leur plus haut niveau depuis deux mois mardi à Londres (439,30 dollars la tonne) et jeudi à New York (à 17,20 cents la livre).

D'après les analystes de Commerzbank, ce rebond est attribuable au ralentissement de la production de sucre au Brésil, premier producteur et exportateur mondial.

Les usines de la région Centre-sud du Brésil, principale région sucrière ont en effet produit 28,84 % de moins de sucre lors de la deuxième quinzaine de septembre qu'à la même période en 2013, selon les chiffres publiés par l'association du secteur Unica.

«Cela a été dû d'une part à un moindre broyage de canne à sucre et d'autre part à une préférence pour l'éthanol. Seulement 39 % de la canne a été transformée en sucre - la plus faible proportion à cette époque de l'année depuis 10 ans», ont souligné les économistes de Commerzbank.

Les cours du sucre restent toutefois proches de leur plus bas depuis 2009-2010 atteints à la mi-septembre en raison d'un marché mondial où l'offre reste surabondante.