Craignant une troisième augmentation des taxes sur le prix de la bouteille de bière à court terme, les deux plus grands brasseurs canadiens ainsi que l'association qui les représente au Québec ont décidé de se faire entendre auprès du gouvernement Couillard.

Molson Coors et Labatt ont récemment modifié leur inscription au Registre des lobbyistes afin de sensibiliser Québec aux effets de la seconde hausse de la taxe spécifique sur les boissons alcooliques, entrée en vigueur le 1er août.

Annoncée dans le budget Leitao en juin, cette mesure a notamment entraîné une hausse d'environ 5 cents du prix de la bouteille de bière.

L'Association des brasseurs du Québec (ABQ) - qui représente Molson Coors, Labatt et Sleeman Unibroue - fait valoir que la taxe spécifique sur la bière a augmenté de 57,5 pour cent depuis 2012, année où le gouvernement péquiste avait annoncé une taxe ayant fait grimper de 36 cents le prix de la caisse de 12 bouteilles de bière.

Selon son président-directeur général, Philippe Batani, ces hausses successives ont contribué à «déstabiliser» l'industrie brassicole.

«Les brasseurs ont tendance à avoir de la pression des détaillants qui veulent vendre leur produit à un prix concurrentiel, a-t-il expliqué, au cours d'un entretien téléphonique. Au lieu que la totalité de la taxe soit répartie du côté du consommateur, c'est souvent le manufacturier qui va l'absorber.»

M. Batani affirme que la situation est «totalement différente» dans le secteur du vin et des spiritueux, puisque «la Société des alcools est un monopole d'État qui contrôle très bien ses prix».

Le patron de l'ABQ, qui doit incessamment modifier lui aussi son inscription au Registre, est conscient que le gouvernement Couillard a agi de la sorte pour engranger de nouveaux revenus, mais il espère convaincre Québec de faire preuve de prudence dans ce dossier.

«Les brasseurs sont conscients de la situation fiscale dans laquelle le Québec se trouve, a-t-il souligné. L'objectif n'est pas tant de faire reculer le gouvernement que de le sensibiliser à ce que représentent des augmentations de taxe.»

M. Batani a confirmé qu'il y avait eu des discussions entre l'Association ainsi que des représentants gouvernementaux. Sans en dévoiler le contenu, ce dernier a affirmé qu'elles avaient été positives.

De plus, d'après leur inscription au Registre des lobbyistes, les brasseurs souhaitent également «développer et négocier des moyens d'atténuation des effets des hausses courantes et futures de la taxe spécifique sur les boissons alcooliques».

Selon M. Batani, cela pourrait par exemple se traduire par une modification du cadre règlementaire de la vente de la bière et d'alcool, qui, selon lui est «très âgé» par rapport à l'évolution de l'industrie au cours de la dernière décennie.

«Nous sommes passés d'une dizaine de brasseurs il y a 10-15 ans à actuellement environ 120 brasseurs de différentes tailles, a-t-il affirmé. Le cadre règlementaire au Québec, lui n'a pas vraiment évolué.»

Les modifications de Molson Coors et de Labatt au Registre des lobbyistes ratissent très large. Le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, le ministère de la Justice, le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère des Finances, le ministère du Conseil exécutif, l'Assemblée nationale ainsi que le Cabinet du premier ministre sont entre autres dans la mire des brasseurs.

De leur côté, les communications devraient s'effectuer par l'entremise de rencontres, de communications écrites ou d'appels téléphoniques.

Les modifications apportées par M. Batani à son inscription devraient être identiques à celles de Molson Coors et de Labatt, a-t-il indiqué.