Les prix des matières premières alimentaires ont reculé cette semaine, le café et le sucre tombant à des plus bas en près de cinq mois tandis que le cacao était pénalisé par des chiffres de concassage décevants en Europe.

Le café chute, moindres inquiétudes sur la récolte brésilienne

Les prix du café ont reculé cette semaine, pénalisés par l'apaisement des inquiétudes sur la récolte du Brésil, premier producteur mondial de café (principalement d'arabica).

L'arabica est d'ailleurs tombé jeudi à son niveau le plus faible depuis près de cinq mois, à 162,80 cents la livre.

«Le consensus semble être que la sécheresse au Brésil pourrait avoir causé quelques dégâts, mais que ceux-ci ne se sont pas aussi sérieux qu'on le craignait pendant un temps», ont expliqué les économistes de Commerzbank.

«Cependant, beaucoup de grains ne sont pas assez gros, ce qui signifie qu'il en faudra plus pour remplir un sac standard de 60 kilos», ont-ils ajouté.

Le Brésil a été affecté par une sécheresse presque sans précédent au cours des premiers mois de l'année, qui a particulièrement touché  les zones caféières au moment crucial du développement des fruits des caféiers.

Mais la vigueur des exportations brésiliennes a quelque peu calmé les inquiétudes: le pays a exporté 2,8 millions de sacs en juin, soit 20,9 % de plus qu'à la même période l'année dernière, selon les données du Conseil des exportateurs de café du Brésil (CeCafé) publiées mardi.

Les prix de l'arabica, qui avaient été particulièrement dopés par la sécheresse au Brésil, ont maintenant perdu 25 % depuis leur plus haut en deux ans atteint en avril (à 219 cents la livre) mais restent en hausse de 45 % par rapport au début de l'année.

«À l'avenir, l'arabica devrait perdre encore plus de ses gains réalisés plus tôt dans l'année, tandis que le robusta pourrait monter en raison d'une diminution des stocks et de risques météorologiques, avec particulièrement le retour attendu d'El Niño qui affectera les régions productrices d'arabica dans le monde», ont pronostiqué les analystes d'Ecobank.

La probabilité que survienne un phénomène El Niño, un grave épisode météo se traduisant par des sécheresses et des inondations, a grimpé à 80 % pour la fin de l'année, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Recul des cours du cacao après des chiffres de concassage décevants en Europe

Les cours du cacao ont reculé cette semaine, les investisseurs étant déçus par les chiffres de concassage de fèves (utilisés par le secteur comme indicateur de la demande) au second trimestre en Europe.

Le cacao côté à Londres est même tombé jeudi à son plus bas niveau depuis un mois et demi, à 1897 livres sterling la tonne.

Selon les données publiées jeudi par l'Association européenne du cacao (ECA), le volume de fèves de cacao concassées d'avril à juin en Europe s'est établi à 307 938 tonnes, soit 0,7 % de moins qu'à la même période l'année dernière.

«Un recul était attendu (...) mais le concassage a tout de même été plus bas que prévu», ont souligné les experts de Commerzbank.

Ce décevant indicateur de la demande a pénalisé les cours du cacao alors que l'offre a bénéficié de conditions météorologiques favorables ces derniers temps.

Les deux premiers producteurs mondiaux, la Côte d'Ivoire et le Ghana ont ainsi récemment révisé à la hausse leur prévision de récolte pour la saison 2013/2014.

Les cours du cacao restent tout de même proches de leurs plus hauts niveaux en près de trois ans atteints ces dernières semaines (à 1964 livres sterling la tonne à Londres et 3081 dollars la tonne à New York), dans un marché où l'offre reste contrainte tandis que la demande est attendue en forte hausse dans les prochaines années, notamment dans les pays émergents.

Le sucre poursuit son recul en raison d'une offre abondante

Les cours du sucre ont poursuivi leur baisse cette semaine, toujours pénalisé par une offre abondante.

Le sucre côté à Londres a ainsi atteint jeudi son plus bas niveau depuis près de cinq mois, à 455,30 dollars la tonne, miné par l'accélération de la récolte de sucre au Brésil, premier producteur mondial.

«Les chiffres (de l'association professionnelle Unica publiés jeudi) sont probablement vus comme un peu baissiers», a signalé Sterling J. Smith, analyste de Citi.

Selon Unica, le volume de canne à sucre récoltée dans la région Centre-sud du Brésil (principale zone sucrière du pays) a progressé de plus de 30 % en juin par rapport au même mois l'année dernière.

Entre le 1er avril, date du début de la récolte, et le 1er juillet, 202,94 millions de tonnes de canne à sucre ont été transformées dans la région, soit 11,05 % de plus qu'à la même période en 2013. Les usines de la région s'en sont notamment servi pour produire 10,34 millions de tonnes de sucre, soit une hausse de 15,53 % par rapport à la saison dernière.

«La faiblesse des prix reflète une offre mondiale abondante, mais avec la perspective d'un marché globalement équilibré en 2014/2015, ils devraient bientôt toucher un plancher», ont pronostiqué les experts d'Ecobank.

Selon l'Organisation internationale du sucre (ISO), l'offre et la demande mondiale de sucre devraient être «parfaitement équilibrées» lors de la saison 2014/2015, après quatre saisons successives d'excédent d'offre.