Danone affiche sa confiance pour 2014 malgré au moins deux défis à relever: gérer la flambée du prix du lait et se relancer sur le marché chinois des laits pour bébé après la fausse alerte au botulisme de son fournisseur Fonterra.

Le groupe agroalimentaire français, connu pour ses marques Evian, Danette ou Blédina, aborde l'année «avec les idées assez claires à la fois sur les priorités et les objectifs», explique à une poignée de journalistes Pierre André Térisse, son directeur général finances.

Misant sur un retour «à une croissance forte, durable et rentable à partir du second semestre», il prévoit pour 2014 des ventes en hausse de 4,5% à 5,5% et une marge opérationnelle stable, «à plus ou moins» 0,20 point.

Pour y parvenir, il compte notamment sur ses trois moteurs: les États-Unis (avec les yaourts grecs), la Russie et la division eaux, stimulées par les eaux aromatisées (aquadrinks dans le jargon). Le groupe souhaite également achever le redressement de l'Europe en poursuivant son plan d'économies, qui prévoit la suppression de 900 postes de cadres, et en s'appuyant sur des innovations pour relancer une consommation atone.

Il va aussi pouvoir également se développer en Afrique de l'Ouest, après l'acquisition en octobre de 49% de Fan Milk, qui fabrique et distribue des produits laitiers glacés et des jus, notamment au Ghana et au Nigeria. Une région où il n'avait pas encore posé ses jalons, le groupe étant présent uniquement en Afrique du Nord et en Afrique du Sud.

«On est convaincu que l'Afrique est la prochaine frontière qu'il faut occuper», a commenté Franck Riboud, le PDG de Danone. Et pour ce faire, quoi de mieux qu'un distributeur qui connaisse le tortueux circuit de distribution local constellé de milliers de petites échoppes?

Mais il va également devoir gérer la flambée des prix du lait (+10% l'an dernier, selon le groupe) et «redéployer» ses marques en Chine après la fausse alerte au botulisme de son concurrent et ex-fournisseur néo-zélandais Fonterra, qui a plombé l'activité d'ordinaire si dynamique des laits pour bébé en Chine.

Dans un pays traumatisé par le scandale du lait à mélamine, les mères chinoises se ruaient sur les laits de marques étrangères, qu'elles jugeaient plus sûrs. Mais la fausse alerte cet été du néo-zélandais a jeté le trouble.

Cet épisode aura coûté au groupe français «environ 300 millions d'euros de résultat opérationnel» (456 millions $ CAN) et «370 millions de chiffre d'affaires» (562,4 millions $ CAN), selon le directeur général. Une procédure est d'ailleurs en cours pour voir comment Fonterra pourrait indemniser Danone du préjudice subi.

«Fonterra, ça nous a beaucoup, beaucoup, beaucoup énervé», s'agace encore Franck Riboud. Et il va falloir maintenant repositionner ses marques Dumex (Chine) et Karicare et réorganiser le réseau de fournisseurs en misant tout sur la sécurité sanitaire.

Un cru 2013 «compliqué»

En octobre, Danone avait fait un avertissement sur résultats.

Le groupe a donc publié jeudi des chiffres conformes avec ce qu'il avait annoncé cet automne: des ventes en hausse de 2,1% à 21,298 milliards d'euros (32,38 milliards $CAN) (+4,8% en données comparables) et une marge opérationnelle courante de 13,19%, en repli de 0,8 point.

Le bénéfice net a en revanche chuté de 15% à 1,422 milliard d'euros.

Pour Pierre-André Térisse, l'année 2013 a été marquée «par un environnement qui aura été au total compliqué, voire même hostile», avec la fausse alerte Fonterra, le prix du lait et la volatilité des devises dans certains pays émergents.

Le dernier trimestre a particulièrement accusé le coup avec des ventes en baisse de 3% et de 13,5% uniquement sur la nutrition infantile.

Au titre de cet exercice, Danone va donc proposer un dividende de 1,45 euro par action à ses actionnaires lors de son Assemblée générale le 29 avril.

Danone s'apprêterait à céder sa branche nutrition médicale. Pierre-André Térisse a indiqué que le groupe avait «choisi» de ne pas les commenter.

Le marché a plutôt bien accueilli cette publication: à la Bourse de Paris, l'action Danone a clôturé la séance sur un gain de 1,45% à 51,70 euros.