C'est à la mi-décembre que Saputo (T.SAP) a été en mesure de distancer ses rivaux qui convoitaient le producteur laitier australien Warrnambool Cheese and Butter (WCB), estime le président et chef de la direction du fromager québécois.

En entrevue, jeudi, après la divulgation des résultats du quatrième trimestre de l'entreprise, Lino Saputo Jr. a confié s'être rendu en Australie à trois reprises en moins de six semaines l'automne dernier afin de convaincre les actionnaires et dirigeants de WCB.

«Je crois qu'avant cela, les gens là-bas ne nous connaissaient pas très bien, a-t-il expliqué. Après le troisième voyage, les actionnaires et dirigeants de Warrnambool ont vu que nous étions sérieux et c'est là que la dynamique a changé à mon avis.»

Le PDG de Saputo estime que ce sont ces voyages qui ont notamment convaincu Bega Cheese, une entreprise rivale de la société montréalaise, de lui céder, en janvier dernier, ses actions du plus ancien producteur laitier d'Australie.

Le principal rival de Saputo, Murray Goulburn, qui détenait près de 17,7 pour cent de WCB, a hissé le drapeau blanc peu après la décision de Bega Cheese.

«Je crois qu'ils ont été surpris, a confié M. Saputo. Ils étaient moins bien préparés que nous, en plus, peut-être, de nous avoir sous-estimé. Ça fait quand même 10 ans que nous avons les yeux sur Warrnambool.»

Saputo, qui détient maintenant près de 79 pour cent de WCB, paiera 9,40 $ AUD par action de Warrnambool, mais l'entreprise pourrait devoir débourser jusqu'à 9,60 $ AUD par action si elle obtient au moins 90 pour cent du total des parts.

La société québécoise pourrait ainsi débourser plus de 537 millions $ AUD (518 millions $ CAN) afin de mettre le grappin sur WCB, perçu comme une acquisition stratégique lui permettant de percer l'important marché de la région de l'Asie-Pacifique.

La clôture de l'offre de Saputo est prévue d'ici le 12 février, ce qui lui laisse peu de temps pour convaincre Lion, une filiale du conglomérat Kirin, qui détient 10 pour cent de Warrnambool.

«Nous n'avons pas de conversations privilégiées avec Lion, a indiqué le PDG. Je pense que notre offre est bonne et c'est à eux de choisir.»

Dans le cas où la participation de Saputo dans WCB ne devrait pas dépasser 90 pour cent, le producteur australien deviendra une filiale de l'entreprise montréalaise, qui en sera le principal actionnaire.

M. Saputo a également indiqué que son entreprise a l'intention d'être à l'affût des occasions d'acquisition en Australie ainsi qu'en Nouvelle-Zélande une fois que le dossier de Warrnambool sera complété.

«Je crois qu'avec l'équipe de gestion que nous allons avoir en Australie, cela fait beaucoup de sens d'acheter là-bas.»

Selon le PDG du fromager québécois, près de la moitié de la production laitière australienne est exportée, ce qui offre de bonnes occasions d'affaires avec des pays où la demande est forte, comme en Chine, au Japon ainsi que dans la région du Moyen-Orient.

Au cours de la conférence destinée aux analystes, M. Saputo a même indiqué que son entreprise pourrait être intéressée à réaliser une acquisition puisqu'elle possède déjà des installations en Argentine.

«Nous avons toujours trois ou quatre dossiers sur notre bureau», a-t-il expliqué aux analystes.

Mieux que les prévisions des analystes

Au troisième trimestre terminé le 31 décembre, Saputo a vu son bénéfice net ainsi que ses revenus progresser, grâce notamment à l'intégration d'une acquisition réalisée aux États-Unis.

Le bénéfice net de l'entreprise a été de 144,1 millions $, ou 74 cents l'action, en progression de 10,8 pour cent comparativement à 130 millions $, ou 66 cents par action, à la même période un an plus tôt.

De leur côté, les revenus ont été de 2,34 milliards $, en hausse de 30 pour cent par rapport à 1,8 milliard $ au trimestre correspondant de l'année précédente.

Les analystes sondés par Thomson Reuters s'attendaient à un bénéfice net de 74 cents l'action ainsi qu'à des revenus de 2,26 milliards $.

Cette performance s'explique surtout une croissance de 121,1 millions $ du secteur américain, en hausse de 50 pour cent comparativement à 81 millions $ l'an dernier, en raison de l'acquisition de Morningstar Food, le 1 janvier dernier.

Les revenus de ce secteur ont presque doublé pour atteindre 1,14 milliard $, comparativement à 663,6 millions $ au même trimestre l'an dernier, malgré un recul du volume des ventes de fromage et la baisse du prix du formage.

Du côté canadien, qui comprend la division Boulangerie, les profits ont fléchi de 5,7 pour cent, à 116,1 millions $. Les revenus ont cependant été de 955,6 millions $, par rapport à 937,9 l'an dernier.

Les profits du secteur international ont été de 22,8 millions $ sur des revenus de 249,5 millions $. Au même trimestre l'an dernier, les profits avaient été de 8,3 millions $ alors que les revenus avaient atteint 199,1 millions $.

Le titre de la société montréalaise a clôturé la séance à la Bourse de Toronto à 52,68 $, en hausse de 79 cents, ou 1,52 pour cent.