Pernod Ricard, numéro deux mondial des vins et spiritueux, assure être «confiant» pour l'exercice 2013/2014 en cours malgré l'essoufflement de la Chine, après avoir publié jeudi des résultats annuels conformes à ses objectifs.

Le groupe a terminé son exercice 2012-2013 (clos fin juin), comme il l'avait prévu, avec une croissance interne de 6% de son résultat opérationnel courant.

«Les moteurs habituels de la croissance sont restés les mêmes»: les marques stratégiques (le cognac Martell et le whisky Jameson en tête) et les pays émergents, a commenté à l'AFP Gilles Bogaert, directeur général adjoint en charge des finances.

Tout cela lui permettant d'afficher un résultat net part du groupe en hausse de 4%, à 1,2 milliard d'euros et des ventes en progression de 4% également, à 8,6 milliards.

Sur l'année, le changement le plus notable est sans conteste l'essoufflement du marché chinois. Si la Chine affichait encore en 2011-2012 une croissance insolente (ventes en hausse de 25%), elle a nettement ralenti la cadence en 2012-2013 (+9% seulement...).

«Les prises de position du gouvernement chinois sur les dépenses somptuaires» ont pesé et ralenti les ventes de produits de prestige (à plus de 200 dollars la bouteille), a expliqué Pierre Pringuet, vice-président lors d'une conférence de presse.

Et sur le seul 4e trimestre, les ventes ont même reculé de 3%. Pour 2013-2014, le groupe prévient que ce marché devrait rester dans le rouge au premier semestre en raison d'une base de comparaison «très défavorable» avant une amélioration au second semestre, à partir du prochain Nouvel An chinois.

Pour autant, Pernod assure rester «confiant» dans sa capacité à poursuivre sa croissance sur l'exercice en cours sur la base d'une hypothèse de «croissance macro-économique comparable à celle de l'année précédente», assure Gilles Bogaert, sans avancer de prévision chiffrée.

De possibles «acquisitions ciblées»

Et le groupe n'exclut pas la possibilité de faire des acquisitions «ciblées, de préférence aux États-Unis ou dans les pays émergents», même si «notre priorité reste la croissance interne», précise le directeur financier.

L'endettement net à fin juin atteignait 8,7 milliards d'euros (11,5 milliards de dollars), soit 635 millions de moins qu'un an plus tôt.

«Les émergents vont globalement continuer à croître» et «les États-Unis vont continuer à avoir une bonne croissance», anticipe-t-il. En 2012-2013, Pernod avait déjà vu ses ventes progresser de 8% en Asie-Afrique-Moyen Orient et de 7% dans la région Amérique.

La morosité ambiante devrait en revanche continuer à prévaloir en Europe après des ventes stables (hors France) par rapport à l'exercice précédent et en repli de 7% en France.

S'agissant des marques, le cognac Martell est resté en 2012-2013 la marque leader avec une croissance interne du chiffre d'affaires bien supérieure à 10% (15%). Le whisky Jameson enregistre quant à lui une «excellente performance» (+17%), lui permettant de devenir la 2e marque contributrice de la croissance du groupe.

Et le groupe se félicite de l'effet mix-prix «très favorable», en croissance interne de 5% sur les 14 marques phares.

Les scotches en revanche ont ralenti le rythme, notamment Ballantine's (-6%) qui a souffert sur le marché espagnol. Ricard, Malibu et le champagne Mumm ressortent également en baisse.

Sur la base des tous ces éléments, le groupe proposera le versement d'un dividende en hausse de 4%, à 1,64 euro.

A la Bourse de Paris, les investisseurs accueillaient plutôt fraîchement cette publication: le cours, qui a ouvert en hausse, baissait vers 15 h 15 (9 h 15 à Montréal) de 2,39% à 88,51 euros, dans un marché en repli de 0,24%.

«Le niveau des résultats est sans surprise» même si, «à l'inverse des exercices précédents», Pernod Ricard n'a pas dépassé ses objectifs initiaux, analyse un courtier.