Le deuxième exportateur de viande de porc en importance du monde, après le géant américain Smithfield, est... danois. Danish Crown, une société qui appartient à 9000 éleveurs danois, a abattu 22 millions de porcs en 2011-2012.

«Les acheteurs recherchent de la traçabilité, une bonne qualité stable et de la quantité, ce que nous leur offrons, dit Agnete Poulsen, responsable des visites chez Danish Crown. On peut aller voir Tesco ou McDonald's et leur faire valoir le fait que nous sommes approvisionnés par 9000 fermiers.» Les autres producteurs de viande n'ont pas ce filet de sécurité, qui profite aussi aux éleveurs.

«Comme on prend tous les porcs que les fermiers nous apportent, ils peuvent avoir une vision à long terme, indique-t-elle. Cela explique qu'il y a toujours beaucoup d'éleveurs au Danemark.»

Danish Crown, dont le chiffre d'affaires a atteint 10,15 milliardsCAN l'an dernier, achète 80% de la production danoise et en exporte 90%. «Nous offrons plus de 3000 produits différents, coupés au millimètre près, dit Mme Poulsen. On fournit ce que vous voulez, quand vous le voulez, où vous le voulez.»

Si des clients anglais réclament des côtelettes de porc élevé en liberté un jeudi, Danish Crown en hausse aussitôt le prix, pour susciter l'offre. «Les fermiers intéressés répondent par SMS, indique Mme Poulsen. Dès le lundi, on a 200 porcs élevés en liberté à l'abattoir. On peut s'ajuster rapidement aux demandes du marché.»

«Vraiment compétents pour exporter»

Danish Crown «est le leader de l'abattage en Europe», confirme Marie-Alix Roussillon, ingénieure à l'Institut français du porc. La force du groupe réside d'abord «dans son commerce extérieur», souligne-t-elle. «Est-ce lié à leur culture, à leur géographie? Les Danois sont vraiment compétents pour exporter à la fois en Europe et ailleurs, dans des marchés très exigeants comme le Japon et la Corée du Sud», analyse-t-elle.

Autre force de Danish Crown: son modèle industriel efficace. Le groupe a remplacé de petits abattoirs par de gros abattoirs modernes, «très automatisés parce que le Danemark a un handicap, celui d'avoir une main-d'oeuvre chère», dit Mme Roussillon.

Le salaire minimum horaire chez Danish Crown au Danemark est de 125 couronnes (22$CAN). «Les employés danois sont payés deux fois plus cher qu'en Suède, et trois fois plus cher qu'en Allemagne», indique Mme Poulsen. Pour contourner ce désavantage, Danish Crown a délocalisé une partie de sa production en Allemagne et en Pologne. Stratégie différente: le groupe s'est aussi implanté au Royaume-Uni, «zone de consommation à valeur ajoutée», explique Mme Roussillon.

Très compétitive, l'industrie d'abattage et de découpe danoise - dont Danish Crown est le joyau - compense des coûts d'élevage relativement élevés. Comme elle appartient aux fermiers, les profits sont partagés par les différents maillons de la chaîne de production porcine.

> 2e exportateur de viande de porc en importance du monde, après Smithfield (USA)

> 9000 éleveurs de porc et de boeuf détiennent la société par actions

> 10,15 milliards CAN: chiffre d'affaires

> 90% de la production est exportée dans plus de 100 pays.

> 23 500 employés, dont 10 500 à la société mère

> 21,8 millions: de porcs (15,5 millions du Danemark et 6,3 millions du Royaume-Uni, de la Pologne et de la Suède) et 0,6 million de boeufs (dont 0,3 million du Danemark)

> Abattoirs et ateliers de découpe: 15 pour le porc, 7 pour le boeuf (société mère)