L'entreprise montréalaise Saputo (T.SAP) a annoncé lundi la fermeture de son usine de fabrication de fromage de Heiden, en Allemagne. Elle pourrait aussi fermer son usine de Newcastle Emlyn, au Royaume-Uni.

Près de sept ans après y avoir mis les pieds, le géant des produits laitiers Saputo (TSX:SAP) a annoncé lundi son retrait du marché européen.

Saputo fermera son usine de Heiden, en Allemagne, acquise en 2006, et celle de Newcastle Emlyn, au pays de Galles, acquise en 2007. Environ 140 travailleurs perdront leur emploi. La fermeture des installations britanniques fera toutefois l'objet d'une consultation de 30 jours, comme l'exige le Royaume-Uni.

«Même avec nos efforts, notre technologie et nos connaissances, on était trop petits et on ne contrôlait pas notre destin, donc le moment était venu pour nous de passer à autre chose», a déclaré lundi le président et chef de la direction de l'entreprise montréalaise, Lino Saputo fils, au cours d'un entretien téléphonique.

L'usine allemande se spécialise dans les fromages italiens vendus dans les supermarchés tandis que celle du pays de Galles produit principalement de la mozzarella pour les restaurants. Ensemble, elles faisaient subir à Saputo une perte avant intérêts, impôts et amortissement d'environ 1,5 million par année.

Les fermetures coûteront quelque 15 millions au fabricant, soit la radiation de la majeure partie des investissements effectués en Europe depuis 2006. À cela s'ajouteront des frais de fermeture de l'ordre de 7 millions, qui seront cependant entièrement compensés par un recouvrement d'impôt du même montant au titre de la perte sur investissement.

«Ce n'est pas un échec, c'est une expérience», a insisté M. Saputo.

Le dirigeant a noté que le marché européen du fromage est dominé par de grandes entreprises établies depuis plusieurs décennies. Pour mieux tirer son épingle du jeu, Saputo voulait mettre la main sur l'un de ces fabricants, mais aucun d'entre eux n'était disponible au prix que l'entreprise québécoise était prête à payer, a-t-il expliqué.

Lino Saputo n'exclut pas de retourner en Europe un jour si une acquisition intéressante devait apparaître sur son écran radar. Sa priorité demeure toutefois les États-Unis, où le marché des produits laitiers est un peu moins mature et plus fragmenté que sur le Vieux Continent.

«Je pense que les mêmes efforts dans d'autres régions peuvent nous porter plus de fruits (qu'en Europe)», a affirmé M. Saputo.

Les actifs des deux usines européennes sont à vendre.

La décision annoncée lundi ne signifie aucunement que l'entreprise a l'intention de se retirer également de l'Argentine, a assuré Lino Saputo.

«Pas du tout, a-t-il lancé. On est en mode croissance là-bas.»

Rappelons que l'été dernier, le grand rival de Saputo au Québec, la coopérative Agropur, a mis en vente sa participation dans la coentreprise argentine La Lacteo, mise sur pied à la fin de 2007 en partenariat avec le milliardaire George Soros.

Il faut dire que Saputo ne joue pas dans les mêmes ligues: l'entreprise est le troisième transformateur laitier en importance dans ce pays d'Amérique du Sud.

Par ailleurs, Saputo rêve toujours de faire son entrée en Océanie, un continent très prisé des fabricants de fromage du fait qu'il s'agit d'un marché largement déréglementé.

Saputo dispose de liquidités et de facilités de crédit totalisant quelque 2,5 milliards pour réaliser des acquisitions.

En début d'après-midi, lundi, l'action de Saputo gagnait 1,1% et s'échangeait à 49,99$, à la Bourse de Toronto.