Le prix du sirop d'érable s'approche d'un niveau record tandis que les hivers doux et les coûts de production élevés affectent la production et font du produit emblématique du Canada une cible de choix pour les voleurs.

Ainsi, le prix du sirop d'érable a bondi de 182 % depuis la fin de 1980, soit plus que celui du pétrole et de l'or.

«Le prix est élevé en ce moment, parce que c'est beaucoup plus cher à produire comparativement à d'autres produits sucrants», soutient Michael Farrell, un chercheur spécialisé dans le domaine du sirop d'érable à l'Université Cornell, à Ithaca, dans l'État de New York. «C'est un processus qui demande énormément de main-d'oeuvre et la technologie n'a pas suivi la demande», ajoute-t-il.

La fabrication des produits canadiens de l'érable, y compris le sirop, le sucre et le beurre, a diminué d'environ 8 % cette année, à 7,9 millions de gallons, selon Statistique Canada. Le prix payé aux producteurs du Québec, d'où provient plus des trois quarts du sirop d'érable dans le monde, a augmenté de 0,7 % à 38,34 $ le gallon. La production américaine a quant à elle chuté de 32 % cette année à 1,91 million de gallons, d'après le département américain de l'Agriculture.

Offre inférieure à la demande

À l'heure actuelle, l'offre est inférieure à la demande. La consommation de sirop d'érable aux États-Unis a augmenté à 2,7 onces par personne cette année, contre 1 once par personne dans les années 70, explique M. Farrell.

La demande est si forte qu'elle a aiguisé l'appétit de voleurs. D'ailleurs, 18 personnes ont été arrêtées la semaine dernière en lien avec un vol de sirop d'érable perpétré entre le 1er août 2011 et le 30 juillet 2012 dans un entrepôt de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec à Saint-Louis-de-Blandford. Environ 60 % du contenu de cette réserve, soit quelque six millions de livres, d'une valeur de près de 18 millions, avait été cambriolé.

«Notre principal marché demeure les États-Unis et en 2012, la récolte a été très mauvaise», souligne Simon Trépanier, premier directeur de la Fédération, seul organisme de marketing qui représente les 7300 producteurs du pays. Les prix du sirop d'érable ont bondi il y a trois ans, au moment où les faibles stocks ont provoqué des achats records du produit pour constituer des réserves, ajoute M. Trépanier.

Notons qu'il faut 40 gallons de sève pour obtenir un gallon de sirop. Si le temps est trop clément, comme ce fut le cas au cours des hivers récents, il y a moins de sève et la production de sirop en souffre.

Objet de fierté

Le sirop d'érable est un objet de fierté pour les Canadiens et l'astronaute Chris Hadfield, premier Canadien à effectuer une sortie dans l'espace, en a apporté des tubes cette semaine dans la Station spatiale internationale.

«Le produit assure une réputation au Canada dans le monde entier, selon M. Farrell. Il y a des gens qui connaissent le Canada à cause du sirop d'érable. La feuille d'érable se trouve d'ailleurs sur le drapeau canadien. C'est quelque chose qui amène de la fierté.»