Il sera difficile de conclure un traité de libre-échange avec l'Union européenne si le Vieux Continent refuse d'ouvrir davantage ses marchés du porc et du boeuf aux Canadiens, a soutenu lundi le président de l'Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau.

Jusqu'ici, c'est surtout la survie de la gestion de l'offre - un système qui protège les producteurs canadiens de lait, d'oeufs et de volaille - qui a retenu l'attention dans le cadre des négociations avec l'Europe.

Lundi, après avoir prononcé un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal, M. Groleau a indiqué qu'il avait bon espoir que la gestion de l'offre pourrait être maintenue dans le cadre d'un accord avec l'UE. Il s'est toutefois montré un peu moins optimiste pour ce qui est du souhait des producteurs canadiens de porc et de boeuf d'obtenir un meilleur accès au marché européen.

Pour ouvrir plus grandes ses portes au boeuf et au porc du Canada, l'UE exigerait qu'Ottawa accorde de plus importants quotas d'exportation aux producteurs européens de fromage. Or, Marcel Groleau estime que les quotas actuels sont suffisants.

Le Canada importe chaque année 20 400 tonnes de fromage étranger, dont 14 000 tonnes provenant d'Europe.

Aux yeux du président de l'UPA, en fait, l'offre que le Canada a présentée à l'UE est déjà suffisamment généreuse. Il a affirmé qu'Ottawa s'est déjà rangé aux demandes de l'UE en matière de propriété intellectuelle, de brevets et de contrats publics. Le Canada aurait aussi accepté d'abolir les tarifs douaniers qui sont imposés sur plusieurs produits alimentaires européens.

«Pour intéresser l'Europe, le Canada devait mettre sur la table dès le départ des choses intéressantes pour l'Europe, a noté M. Groleau. Il l'a fait, et je crois que maintenant, le Canada espère un certain retour, mais ça ne semble pas se concrétiser.»

Le président de l'UPA a reconnu que la viande canadienne a mauvaise réputation outre-mer parce qu'elle est encore associée au «boeuf aux hormones», qui demeure interdit en Europe.

Marcel Groleau s'est rendu à Bruxelles la semaine dernière pour suivre la plus récente ronde de négociations. Selon lui, le ministre fédéral du Commerce international, Ed Fast, appuie les revendications de l'UPA. M. Groleau a toutefois l'impression que «les conditions favorisent davantage l'Europe que le Canada» dans ce dossier, ne serait-ce qu'à cause de l'importante disparité entre la taille des marchés des deux parties.