Une progression des ventes de 218% en cinq ans, c'est ce qu'a réussi à faire le secteur des productions végétales - semences, engrais et pesticides - de La Coop fédérée. De récentes acquisitions en Ontario expliquent l'essentiel de ces bons résultats, qui ont permis de dépasser le cap du demi-milliard de ventes en 2011.

Au Québec, la hausse des parts de marché du secteur des productions végétales «est peut-être de 2%» en cinq ans, a dit Gaétan Desroches, chef de l'exploitation de la Coop fédérée, lors d'une entrevue donnée sur une botte de foin. Autour de M. Desroches s'étalaient les 110 hectares de la ferme de recherche de la Coop, où poussent une multitude d'hybrides de maïs, de soya, de blé, etc.

Vrai laboratoire à ciel ouvert, cette ferme permet de tester 65 000 produits potentiels, a indiqué Alexandre Mailloux, directeur de la recherche et du développement technique au secteur des productions végétales. «Comme une variété dure de trois à quatre ans sur le marché, on est condamnés à en trouver de nouvelles», a-t-il souligné.

En cet été de sécheresse historique aux États-Unis, un hybride de maïs tolérant bien le temps sec se distingue. Cet hybride prometteur sera offert en 2014, peut-être même dès l'an prochain.

Le Québec est heureusement moins touché par l'aridité que ses voisins du sud, avec une perte générale évaluée cette année à 20% des récoltes. «Les producteurs du Québec sont en assez bonne posture, a confirmé M. Desroches. Surtout que le prix élevé des grains va compenser la perte de rendement.»

Nourrir neuf milliards d'humains

Il reste qu'il faut prévoir à long terme. La demande mondiale d'aliments doublera d'ici 2050, quand neuf milliards d'humains peupleront la Terre, prévoit la FAO. Sera-t-il possible de nourrir autant de bouches?

«Oui, mais il faut accepter que ça ne se fera pas qu'avec l'agriculture biologique, c'est impossible, a répondu M. Desroches. Il faut trouver le juste équilibre.»

La prochaine révolution touchant l'agriculture est «celle de l'empilement des gênes», a expliqué le chef de l'exploitation de La Coop fédérée. Pourquoi modifier le patrimoine génétique des plantes pour leur donner une seule nouvelle caractéristique - disons la résistance à un herbicide - quand on peut leur en conférer plusieurs?

«Présentement, Monsanto travaille beaucoup sur un gène de résistance à la sécheresse, a illustré M. Desroches. On peut être pour, on peut être contre. Mais là, on voit ce que ça fait, la sécheresse.»

Nouveaux OGM

La Coop fédérée planche aussi sur de nouveaux OGM. «On a toujours des projets dans ce domaine-là, a confirmé M. Mailloux. Par contre, il y a des ententes de confidentialité.»

Deux marchés sont paradoxalement en croissance. D'une part, La Coop fédérée note une grande demande pour des goûts plus recherchés, notamment en agriculture biologique. Elle lancera l'an prochain un nouveau blé destiné à faire des pains artisanaux, et prépare un soya plus sucré, ayant la faveur des jeunes Japonais.

«À l'autre bout du spectre complètement, on a de gros succès avec l'agriculture industrielle et les OGM», a rapporté M. Mailloux. Quant à l'agriculture conventionnelle, «elle s'est fait coincer entre les deux», a-t-il observé.