La tension grandissante sur les marchés agricoles en raison de la sécheresse aux États-Unis rend de plus en plus probable une réunion début septembre du Forum de réaction rapide, une instance issue du G20 en 2011 et actuellement présidée par Paris.

Depuis plusieurs semaines, les cours des matières premières agricoles s'envolent en raison de la sécheresse qui sévit aux États-Unis depuis la mi-juin et dans d'autres pays producteurs comme la Russie.

Au mois de juillet, les cours internationaux du blé ont gagné 19%, ceux du maïs 23%, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

La flambée des prix rappelle le scénario de l'année 2008, année où les pays importateurs les plus pauvres avaient été secoués par des émeutes de la faim.

Mais «la grande différence entre maintenant et la période 2007/2008 tient dans le fait qu'à l'époque, nous avions des disponibilités très serrées en riz et en blé» - deux denrées essentielles à la sécurité alimentaire humaine, a expliqué à l'AFP Christopher Narayanan, directeur de la recherche sur les matières premières agricoles à la Société Générale.

Or «ce n'est pas le cas actuellement», les disponibilités en riz étant larges tout comme celles en blé, même si elles se restreignent, a-t-il souligné.

Toutefois, confirmant les craintes du marché, le département américain de l'Agriculture (USDA) a abaissé vendredi ses prévisions de production mondiale de blé pour la campagne commerciale 2012/2013.

Aux États-Unis, les prévisions de récoltes de maïs ont atteint leur plus bas niveau depuis six ans, selon l'USDA. Une partie de la production de maïs étant utilisée pour répondre à des quotas de production de bioéthanol, des voix se sont élevées dans la classe politique pour demander la suspension temporaire de ces quotas.

Samedi, le président américain Barack Obama a exhorté le Congrès à adopter un projet de loi pour aider agriculteurs et éleveurs touchés par la sécheresse.

Face à cette situation, une télé-conférence va se tenir fin août entre la France, actuelle présidente du Forum de réaction rapide, les États-Unis, qui lui succèdent le 2 octobre, et le Mexique, qui préside actuellement le G20, pour décider de la tenue ou non du Forum, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère français de l'Agriculture.

Les autorités attendent «d'avoir une visibilité sur l'ensemble des stocks» ainsi que sur «l'état anticipé des récoltes» pour prendre une décision, a-t-il précisé.

«S'il s'avérait que l'on souhaite réunir le Forum, on le ferait début septembre», a-t-il poursuivi.

Selon le Financial Times lundi, les principaux pays du G20 sont «favorables à la tenue d'une réunion».

«La France et les États-Unis restent vigilants sur l'évolution des marchés et se disent prêts à réunir le Forum de réaction rapide en cas de dégradation» de la situation des cours des céréales et du soja, a indiqué le ministère français de l'Agriculture.

Le Forum de réaction rapide, mis en place en 2011, réunit les responsables des administrations liées à l'agriculture des pays du G20 et huit autres pays (Espagne, Egypte, Nigeria, Thaïlande, Philippines, Pakistan, Bangladesh et Kazakhstan).

Il est destiné à apporter une réponse coordonnée en cas de forte tension sur les marchés, afin d'éviter notamment des interventions unilatérales susceptibles d'aggraver la situation.

En 2010, la Russie avait interrompu temporairement ses exportations de blé, renforçant ainsi de façon brutale les tensions déjà existantes.

«Malgré la volonté affichée du gouvernement russe d'éviter les mesures de restriction à l'export cette année, les doutes sont permis», prévient une note de la société de conseils Agritel.