Stéphane Carrier se prépare, dit-il, à révolutionner le secteur agroalimentaire canadien. Grâce à une technologie de pasteurisation à froid importée de Suède, le président de Natur"L XTD arrive à tripler, voire quintupler la durée de vie de certains aliments transformés. Après seulement un an d'activité, il s'apprête à doubler la taille de ses installations de Saint-Hyacinthe et prévoit, à court terme, ouvrir une usine en Ontario, puis une autre en Colombie-Britannique.

Et dire que Stéphane Carrier, comptable agréé de formation et entrepreneur depuis le début des années 90, n'a essuyé que des refus lorsqu'il a présenté son projet aux institutions financières. Il s'est alors tourné, entre autres, vers le Centre local de développement (CLD) des Maskoutains, Financement agricole Canada, Investissement Québec et le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE). Ceux-ci l'ont financé - parfois à des taux avantageux, parfois moins - dans le montage financier de son projet de 2,2 millions de dollars.

Les banquiers qui l'ont snobé doivent aujourd'hui s'en mordre les doigts, car Natur"L XTD a crû de 300% depuis un an. Ses revenus dépassent aujourd'hui le million de dollars.

«On est «accotés». On roule 24 heures par jour, six jours par semaine. La septième journée est obligatoirement consacrée à la maintenance. J'ai donc un paquet de clients potentiels qui sont en attente. D'ici la fin de l'année, nous allons investir deux autres millions pour doubler notre capacité de production et d'entreposage», explique Stéphane Carrier, 51 ans, et actionnaire majoritaire.

La PME compte parmi sa clientèle Cuisines Gaspésiennes, Aliments Prodal, les restaurants Subway et Viandes duBreton. L'entreprise maskoutaine est sur le point de signer des ententes avec d'autres joueurs québécois, dont une importante chaîne de restauration. La fromagerie Damafro est également dans la mire de Natur"L XTD. Philippe Bonnet, copropriétaire de Damafro, est actionnaire minoritaire de l'entreprise de Stéphane Carrier.

Pasteurisation à froid

La technologie utilisée par la PME de 20 employés est le High Pressure Process (HPP) ou très haute pression hydrostatique. Elle a été mise au point en Suède et appartient désormais à la multinationale américaine Avure. Le HPP est approuvé par Santé Canada, indique Stéphane Carrier.

Il s'agit en fait de pasteurisation à froid, un processus n'utilisant que de l'eau froide. L'eau appliquée sur l'emballage crée une pression sur l'aliment et détruit plusieurs agents pathogènes, résume le chef d'entreprise. Résultat, la durée de conservation au réfrigérateur d'un filet de saumon emballé sous vide passera de quatre jours à trois mois. Une tranche de jambon se conservera 120 jours au lieu de 30. Mais attention, dès que l'emballage est ouvert, la durée de vie n'est plus que d'environ cinq jours, comme c'est le cas actuellement pour bien des aliments transformés.

L'autre avantage du HPP: les transformateurs n'ont plus à utiliser autant de sodium ni d'agents de conservation. «On tue les pathogènes, mais on n'altère pas le goût des aliments. En plus, ça permet aux transformateurs de mieux gérer leurs inventaires et de mieux organiser leur production», dit Stéphane Carrier.

Natur"L XTD se présente comme une entreprise d'impartition. Elle serait la seule au Canada spécialisée dans le domaine. Les transformateurs agroalimentaires lui apportent leurs aliments déjà emballés. Son principal obstacle à la croissance demeure la distance.

La PME se prépare donc à ouvrir de nouvelles installations à Toronto pour se rapprocher de la clientèle ontarienne. Ironiquement, elle va acheter l'équipement de HPP à une entreprise qui possède déjà cette technologie.

«Elle ne l'utilise que 25 heures par semaine, ce qui est nettement insuffisant pour développer une expertise, notamment pour ce qui est de la maintenance», dit le président de Natur"L XTD.

Quant à la Colombie-Britannique, elle est dans la ligne de mire de la PME québécoise. Stéphane Carrier sent qu'il a une véritable mine d'or entre les mains. Il est toutefois conscient qu'il y a encore un long travail d'éducation à faire. «Tout le monde est ouvert aux améliorations, mais personne ne veut payer. On sent toutefois qu'il y a un changement de mentalité qui s'opère dans l'industrie», conclut-il.

Fondation: 2011

Employés: 20

Chiffre d'affaires : Plus de 1 million

Croissance annuelle : 300%

Actionnaires: Stéphane Carrier (majoritaire) et Philippe Bonnet