Les authentiques fermiers ont-ils encore leur place au plus important marché public à ciel ouvert d'Amérique du Nord? «J'ai l'impression que le marché Jean-Talon ne veut plus de cultivateurs, dénonce le maraîcher Jacques Rémillard. On semble vouloir des commerçants, qui sont ici sept jours par semaine.»

S'engager à occuper un emplacement six ou sept jours par semaine avantage, en effet, les candidats qui espèrent signer un bail au marché Jean-Talon. C'est clairement stipulé dans les règlements généraux de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal, obtenus par La Presse.

Or, M. Rémillard travaille à la ferme familiale du lundi au mercredi. Il n'est présent au marché, avec son fils Patrick, que quatre jours par semaine, sa femme Diane Tisseur restant à la ferme avec leurs employés. «Moi, ce sont mes légumes que je vends», souligne le maraîcher.

Vendre des produits d'ailleurs

Seize revendeurs sont présents au marché Jean-Talon. On y trouve aussi 80 agriculteurs «qui produisent dans leurs champs», indique Jean Gagnon Doré, porte-parole de la Corporation. Mais voilà: certains d'entre eux proposent également des aliments d'autres fermes du Québec, du Canada ou d'ailleurs.

C'est permis si «ces denrées ne sont pas disponibles en quantités suffisantes au Québec à une période donnée», d'après le bail signé par les locataires du marché Jean-Talon. Une amende de 500$ par jour est prévue en cas de vente de produit non autorisé.

«Toute personne qui arrive devant un étal peut demander au producteur d'où vient son produit et il aura une réponse, fait valoir M. Gagnon Doré. Je pense que la plupart des producteurs sont très honnêtes quand ils répondent sur la provenance de leurs produits.»