Les déboires du Canadien de Montréal sur la patinoire ont un effet sur la demande pour les billets. Sur le site de revente StubHub, des billets se vendent à environ 40 % de rabais par rapport à leur valeur d'achat officielle. La direction du Canadien s'est aussi aperçue de la baisse de la demande : l'équipe a discrètement diminué d'environ 37 % le prix officiel des billets restants pour un match contre Ottawa mercredi prochain. Tour d'horizon.

Un rabais de 37 % contre Ottawa

Le Canadien a diminué discrètement, il y a environ une semaine, le prix des billets restants pour le match de mercredi prochain contre Ottawa. Auparavant, ce match était un match « Optimum », la catégorie tarifaire la plus élevée parmi les trois catégories de matchs à domicile du CH. Les billets des matchs Optimum sont généralement vendus 37 % plus cher que ceux des matchs ordinaires. Il y a environ une semaine, le Canadien a changé les prix Optimum pour les prix ordinaires pour les billets restants, soit un rabais moyen de 37 % sur les billets restants. « Il s'agit de quelques catégories de billets », indique Donald Beauchamp, vice-président aux communications du Canadien. Avant ce changement il y a une semaine, les clients qui ont acheté des billets pour ce match contre Ottawa ont payé le prix Optimum. L'équipe est aussi au coeur d'une séquence de plusieurs matchs au Centre Bell récemment : 14 matchs en un peu plus d'un mois, du 7 novembre au 14 décembre.

40 % en semaine

Il s'agit de l'écart entre le prix de revente des billets sur StubHub et le prix officiel des billets pour les cinq matchs en semaine au Centre Bell d'ici la fin décembre. Pour obtenir ce résultat, La Presse a choisi l'offre qui arrivait au deuxième rang parmi les offres les moins chères hier après-midi sur StubHub(1), en ajoutant les frais exigés par le site et en ajustant le taux de change (les prix sur StubHub sont en dollars américains). Contre St. Louis, un billet dans les Bleus (prix officiel de 64 $) était notamment offert à 35,71 $CAN, soit un écart de 44 %. Contre Ottawa, un billet dans les Bleus au prix officiel de 105 $ (avant le début de la saison) était offert à 48,13 $, un écart de 54 %. À titre de comparaison, le club-école du Canadien dans la Ligue américaine, le Rocket de Laval, vend ses billets à l'unité entre 25 et 48 $.

1. Nous avons choisi la deuxième offre afin d'éliminer la possibilité que l'offre la moins chère soit trop généreuse et fausse la comparaison.

1 sur 8

Un seul des huit prochains matchs du Canadien au Centre Bell affiche des prix de revente sur StubHub supérieurs au prix officiel des billets : le match contre les Oilers d'Edmonton et Connor McDavid, leur jeune sensation de 20 ans qui a gagné le trophée Hart remis au joueur le plus utile à son équipe la saison dernière. En excluant ce match et « l'effet McDavid », les sept autres matchs du CH affichent des billets à un prix de revente en moyenne inférieur de 37 % au prix officiel. En comptant les huit matchs, l'écart par rapport au prix officiel est de 30 %. L'écart est plus prononcé pour les matchs en semaine que pour les matchs du week-end. Le Canadien de Montréal n'a pas voulu commenter le prix des billets sur le marché de la revente.

Loin des séries

Au 14e rang de l'Association de l'Est (sur 16 équipes), le CH connaît son pire début de saison depuis la saison 2000-2001.

L'offre...

« C'est un cas assez classique qu'on utiliserait dans un cours d'économie pour illustrer les forces de l'offre et de la demande. Étant donné les performances de l'équipe et l'atmosphère au Centre Bell, ça tente moins les détenteurs de billets d'aller voir les matchs. Au début de la saison, la demande pour les billets était relativement élevée, les gens étaient prêts à payer 75 ou 80 $ pour un billet. Quand ils voient les performances de l'équipe, ils sont prêts à perdre 20, 30 ou 40 $ pour ne pas aller au match », explique Nicolas Vincent, professeur d'économie à HEC Montréal.

...et la demande

« Il y a une baisse de la demande pour les matchs du Canadien parce que : 1) tu n'aimes pas ça voir ton équipe perdre ; 2) la qualité du spectacle a beaucoup diminué de manière générale. Il y a eu beaucoup de déceptions cet été [les départs d'Alex Radulov et d'Andrei Markov]. Les Montréalais connaissent bien le hockey. Clairement, ils voient une équipe qui se débarrasse de trois défenseurs réguliers, ce n'est pas subtil, les gars qui les ont remplacés ne sont pas bons. Les gens envoient un message à la direction. Il y a aussi le fait que c'est moins intéressant [d'aller au Centre Bell] quand tu es certain que l'équipe ne fera pas les séries », affirme Philip Merrigan, professeur d'économie à l 'UQAM et expert en économie du sport. 

Des problèmes structurels...

Oui, le gardien vedette Carey Price a été blessé récemment. Mais il connaissait auparavant un inquiétant passage à vide, et son remplaçant Charlie Lindgren a tout de même offert de bonnes performances durant son absence. « C'est un problème structurel, l'équipe a des failles structurelles importantes, ça semble être une question de quatre, cinq joueurs, dit l'économiste Philip Merrigan. Ce sont des problèmes qu'ils doivent régler, mais on ne voit pas comment ils peuvent les régler à court terme. Une erreur n'est pas trop grave, mais quatre, cinq erreurs simultanément font en sorte que c'est difficile pour les partisans de croire à une transformation magique. »

...qui auront des conséquences sur les prix?

« Si tu as deux, trois saisons comme celle-ci, ça devient plus difficile de vendre de l'espoir aux gens, dit l'économiste Nicolas Vincent. Les gens apprennent et réalisent que s'ils veulent aller à un match, il y aura toujours des billets plus tard durant la saison [et qu'ils ne sont donc pas obligés de] les acheter avant la saison. Je ne serais pas surpris qu'ils aient de la difficulté à vendre tous leurs billets l'année prochaine s'ils ne baissent pas leurs prix. C'est peu probable qu'ils haussent les prix [la saison prochaine]. »